La Fédération nationale de l’aviation marchande (FNAM) a demandé hier une baisse des redevances aéroportuaires pour les cinq ans à venir, et réclamé l’extension de la taxe Chirac à tous les moyens de transport. La FNAM, qui représente plus de 95% du secteur du transport aérien français (dont les compagnies aériennes Aigle Azur, Air Caraïbes, Groupe Air France, Corsair International ou XL Airways), a abordé lors d’une rencontre plusieurs sujets concernant la compétitivité : les redevances aéroportuaires, la Taxe de solidarité dite taxe Chirac et les coûts de sureté « dans un contexte de concurrence internationale exacerbée et parfois déloyale ». Dans son communiqué du 16 mars 2015, la FNAM par la voix de son président Alain Battisti (également président de Chalair) insiste particulièrement sur le nouveau Contrat de Régulation Economique (CRE3) couvrant la période 2016-2020, qui doit être signé entre Aéroport de Paris et l’Etat français cette année. Elle demande une baisse annuelle de 2,5% de l’index moyen des redevances aéroportuaires et un retour à la caisse unique, afin de « permettre au pavillon français de faire face aux concurrents intra ou extra européens, qui bénéficient sur leurs bases de coûts d’accès à l’infrastructure aéroportuaire plus faibles ». En posant la question du mode de calcul des redevances, la FNAM « met en avant la problématique rencontrée par le système dit de double caisse ». Un retour à la caisse unique « permettrait aux compagnies aériennes françaises d’économiser des dizaines de millions d’euros et de redistribuer une partie des recettes des boutiques d’ADP aux compagnies aériennes ». Par ailleurs, la fédération estime que la croissance annuelle naturelle de 2,5% du trafic d’ADP, monopole géographique de fait, entraînerait une hausse mécanique de son chiffre d’affaires. Ces augmentations continues des redevances aéroportuaires « nuisent à la compétitivité du transport aérien français », explique la FNAM selon qui depuis deux ans « les grandes plateformes européennes n’augmentent que très peu leurs redevances. Pour mémoire, l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol en lien capitalistique avec ADP a décidé de diminuer de -7,7% en 2015 ses redevances aéroportuaires, contre une augmentation de +2,4% pour ADP ». Elle rappelle que les compagnies aériennes françaises « ne sont pas en mesure aujourd’hui d’accepter et de supporter économiquement les augmentations tarifaires » telles qu’elles sont déclinées dans le document public relatif au CRE3, avant de souligner que les investissements proposés seront financés par l’augmentation des redevances payées pour moitié par les compagnies françaises, mais destinés pour l’essentiel à des infrastructures de capacité utilisées par des compagnies non basées. Par ailleurs, la FNAM demande également que le transport aérien ne soit pas le seul secteur d’activité à supporter la taxe Chirac, qui crée « un déséquilibre important » entre les compagnies aériennes étrangères et les compagnies aériennes françaises. Cette taxe représente un coût de 90 millions d’euros pour le Pavillon français et conduit à la destruction d’emplois dans le secteur, affirme la fédération. Autre sujet abordé, les coûts de la sûreté en France : ils sont aujourd’hui supportés à 100% par les compagnies aériennes et leurs clients, « alors que s’il l’on prend l’exemple des USA (…) 50% sont assumés par l’Etat ». Il faut donc urgemment revoir ce principe économique qui pénalise une fois de plus le secteur ». Parmi les nombreux rapports sur le secteur aérien « mettant en évidence les déséquilibres qui existent tout au long de la chaine de valeur au détriment du transport aérien français », seul le rapport Le Roux a fait l’objet d’un début de mise en œuvre selon la FNAM. Qui cite par exemple la décision des députés en novembre dernier d’exonérer les passagers en correspondance de la TAC (Taxe Aviation Civile), à hauteur de 50% sur l’année 2015 et à 100% en 2016, ce qui représenterait environ 100 millions d’euros en année pleine. Et souligne que la Commissaire Européenne aux Transports Violetta Bulc, qui prépare un rapport sur le transport aérien européen, « a rencontré plusieurs fois Bruno Le Roux et va s’inspirer de ce rapport afin de l’élargir au niveau européen ». La FNAM rappelle que les compagnies françaises ne sont pas fermées à la concurrence, pour peu qu’on s’assure que celle-ci soit loyale. Elle rappelle l’étude menée par Delta Air Lines, American Airlines et United Airlines, selon laquelle les 3 principales compagnies du Golfe auraient bénéficié de plus de 40 milliards de dollars de formes de soutien diverses durant les 10 dernières années. La FNAM souligne que ces compagnies aériennes « ont pour objectif un siphonage commercial » des passagers en provenance d’Europe ; cette réalité négative pour la compétitivité de notre secteur n’est pas que franco-française mais concerne l’ensemble de l’Europe, et même l’Amérique du nord...