C'est le copilote de l'Airbus A320 qui, enfermé seul dans le cockpit, a volontairement percuté l'avion contre une montage, a déclaré le procureur de la République chargé de l'enquête. Le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, qui a eu connaissance de l'enregistrement audio d'une des boîtes noires retrouvée, a confirmé un acte délibéré du copilote, Andreas Lubitz, âgé de 28 ans et de nationalité allemande, qui a causé le crash du vol Barcelone-Dusseldorf de Germanwings avec 150 personnes à bord. "On entend le commandant de bord demander au copilote de prendre les commandes » pour quitter le cockpit, probablement pour "assouvir ses besoins naturels", a détaillé le magistrat, citant l'enregistrement de la boîte noire. "On entend alors le bruit d'un siège qui recule et le bruit d'une porte qui se ferme". Le copilote se retrouve alors seul dans le cockpit. "C'est alors qu'il est seul qu'il manipule les boutons du flight monitoring system pour actionner la descente de l'appareil", a expliqué le procureur, soulignant que "l'action ne peut être que volontaire ". Le copilote s'enferme dans le cockpit, bloquant la porte de cabine. "Le commandant de bord s'est identifié pour revenir dans la cabine mais il n'y a aucune réponse de la part du copilote". Il tente de forcer la porte : "On entend des coups, comme pour enfoncer la porte de la cabine", a indiqué le procureur de la République, ajoutant : "Une respiration humaine se fait entendre à l'intérieur de la cabine jusqu'à l'impact final, ce qui signifie que le copilote était donc vivant". "Aucun message de détresse ou d'urgence n'a été reçu par les contrôleurs aériens et aucune réponse n'a été apportée à l'ensemble des appels des différents contrôleurs aériens. L'interprétation la plus plausible pour nous est que le copilote, par une abstention volontaire, a refusé d'ouvrir la porte de la cabine de pilotage au commandant de bord et a actionné le bouton commandant la perte d'altitude", a commenté le magistrat. "Juste avant l'impact final, on entend vraisemblablement ce qui peut être le bruit d'un premier impact sur un talus, où il a vraisemblablement glissé avant de percuter à plus de 700km/h la montagne", a conclu Brice Robin. "Les victimes ne s'en sont sans doute rendu compte qu'au dernier moment puisque dans la bande, les cris n'interviennent que dans les derniers instants, juste avant l'impact." Reste à connaître les motivations du copilote qui a volontairement crashé son avion, tuant toutes les personnes à bord. Suicide ou acte terroriste ? "Je ne dis pas le mot suicide parce que je n'en sais rien", a répondu le procureur. "Je dis qu'au vu des événements portés à ma connaissance, je ne peux que dire qu'il a volontairement permis la perte d'altitude de l'avion. Il n'avait aucune raison de le faire, ni d'empêcher le commandant de bord de revenir dans la cabine de pilotage. Aucune raison de ne pas répondre aux appels, ni de refuser de taper un code pour rendre l'avion prioritaire." Et "à ce stade, rien ne permet de dire qu'il s'agit d'un attentat terroriste... mais il conviendra d'étudier l'environnement dans lequel évoluait le copilote", a-t-il expliqué, précisant qu'Andreas Lubitz n'était "pas répertorié comme terroriste" par les services de police. Par ailleurs, lors de sa conférence de presse, le procureur Brice Robin a reproché aux enquêteurs, comprendre ceux du BEA, leur manque de transparence. En effet, ces derniers avaient déjà hier connaissance du contenu de la bande sonore de la boîte noire, mais s'étaient gardés de le rendre public. "Selon les éléments portés à ma connaissance - pour certains d'entre eux, un peu tardivement à mon goût -, la boîte noire du Cockpit Voice Recorder (CVR) avait parlé", a-t-il dit. Il a fallu une fuite publiée dans la presse américaine pour que l'enregistrement audio soit transmis au procureur et révélé officiellement aujourd'hui. Photo d'Andreas Lubitz sur Facebook air-journal Andreas Lubitz copilote germanwings