Le TGI de Bobigny se prononcera le mois prochain sur le référé introduit par la compagnie aérienne Air France contre le syndicat de pilotes SNPL Air France ALPA, accusé de ne pas avoir rempli ses obligations dans le cadre du plan de restructuration Transform 2015. La CFE-CGC demande l’organisation d’un référendum interne sur les mesures de Perform 2020 plutôt que de passer sous les fourches caudines des syndicats. Le nouvel épisode judiciaire du 22 juin 2015 entre la compagnie nationale et ses pilotes portait sur le recours à l’arbitrage du président Frédéric Gagey, prévu dans le texte de Transform 2015 en cas de blocage à « l’observatoire de la transformation » chargé de surveiller l’application du plan de restructuration. M. Gagey pourrait ainsi obliger les pilotes à appliquer immédiatement les engagements pris en 2012 (et approuvés par 67% d’entre eux). Le TGI rendra son verdict le 3 juillet prochain ; s’il refuse la demande d’Air France, les négociations avec le SNPL devront reprendre après sept mois sans le moindre progrès. Ce référé avait été annoncé la semaine dernière par la compagnie de l’alliance SkyTeam, qui veut obliger le SNPL à mettre en œuvre les dernières mesures de Transform 2015 ; le syndicat majoritaire est accusé de n’avoir rempli que « 65% de ses engagements », alors que des rapports montrent que le personnel au sol a atteint 100% et les hôtesses de l’air et stewards 96% des leurs. Selon Tourmag, parmi les mesures restant à approuver figurent « le passage de la majoration des heures de nuit de 50 à 45%, l’annualisation de 12 jours de repos ou encore la mise en place d’un forfait sol pour la rémunération des activités sol hors simulateur ». L’objectif visé était un gain de productivité de 20% pour l’ensemble du personnel ; les pilotes n’en seraient qu’à 13%. Selon le SNPL, la compagnie n’a pas non plus tenu tous ses engagements, parmi lesquelles une hausse de l’activité et du nombre d’heures de vol. La CFE-CGC Air France est entrée dans le débat hier, Ronald Noirot demandant à la Direction Générale « d’arrêter de tergiverser et prendre ses responsabilités en proposant un référendum pour tous les personnels en poste chez Air France ». Le syndicat souhaite que la direction « prépare les mesures du sauvetage de notre compagnie dans une négociation globale avec équité et transparence » ; et qu’ensuite, « plutôt que de passer par l’approbation des syndicats, elle demande par référendum à tous ses personnels de se positionner sur ces mesures ». Il ajoute que le résultat de ce référendum « sera incontestable et on verra bien qui sont ceux qui poussent à la catastrophe ». Le communiqué de la CFE-CGC s’en prend bien sûr au SNPL, dont le nouveau bureau aurait été élu en décembre dernier « sur un programme de refus systématique de concessions supplémentaires qui permettrait pourtant d’entretenir l’espoir d’un avenir plus serein pour notre entreprise » : ce nouveau bureau « se croit investi d’une mission divine l’autorisant à mettre en jeu le devenir d’Air France et de ses 60.000 salariés », déclare encore la CFE-CGC, tout en affirmant que « les pilotes dans leur grande majorité souhaitent comme l’ensemble du personnel, sauver notre compagnie pour nous permettre de sauver nos emplois et nos rémunérations ».