Ce vendredi marque le dernier des 7 jours de grève menés par le syndicat UFO des hôtesses de l’air et stewards de la compagnie aérienne Lufthansa. Celle-ci promet pour demain un retour à la normale sur l’ensemble du réseau dès demain, mais la position dure adoptée par son CEO Carsten Spohr ne risque pas de calmer les esprits. Après 933 vols annulés hier, ce qui a affecté quelques 107.000 passagers, la compagnie nationale allemande annonce pour ce 13 novembre 2015 la suppression de 941 vols touchant 110.910 clients, en raison de ce qui est déjà la plus longue grève de PNC de son histoire. Les annulations de vol touchent toujours les aéroports de Francfort, Munich et Düsseldorf de 4h00 à 23h59. Pas de détail sur la répartition entre vols long-courriers et moyen-courriers comme les jours précédents, mais on constate par exemple que ce vendredi seule la première des quatre rotations prévues par Lufthansa entre Francfort et Paris-CDG est opérée. Rappelons que la grève des PNC n’affecte pas les autres compagnies du groupe, Lufthansa CityLine, Germanwings, Eurowings, Air Dolomiti, Austrian Airlines, Swiss et Brussels Airlines. La compagnie de Star Alliance a désormais annulé près de 4700 vols depuis le début vendredi dernier du mouvement social, qui porte essentiellement sur les conditions de départ en préretraite. UFO avait rejeté les propositions faites par Lufthansa, qui incluaient des compensations pour tout départ avant l’âge de la retraite afin d’égaler le plein niveau de la pension versée par l’état, et une nouvelle offre sur le retour sur investissement pour le financement des pensions de retraite. Lufthansa expliquait la semaine dernière qu’un PNC choisissant de voler jusqu’à 65 ans aurait une pension de retraite totale (publique et privée) équivalente à 96% de son dernier salaire de base. Aujourd’hui, ce même PNC peut partir en retraite anticipée à partir de 55 ans et recevoir 60% de son salaire pendant la période transitoire ; il pourrait désormais choisir de recevoir l’intégralité de ce « salaire transitoire » en une seule fois. Lufthansa affirmait aussi que ses hôtesses et stewards perçoivent déjà un salaire « bien au-dessus de la moyenne dans l’industrie », un PNC débutant touchant en moyenne 2200 euros tout compris avec pendant les dix premières années une augmentation automatique de 3,2% du salaire de base tous les ans (+4,8% pour ceux engagés avant le 1er janvier 2013). La moyenne des revenus annuels d’un PNC est de 50 000 euros, et celle d’un chef de cabine de 80 000 euros selon la direction de Lufthansa, pour qui cela entraine un coût global du personnel « presque deux fois plus élevé que chez ses rivales vasées en Allemagne ». Elle précise encore qu’un PNC a plein temps vole au maximum 87 heures par mois, avec une « allocation » supplémentaire dès que le temps de vol dépasse 70 heures en un mois. aj_Lufthansa A380 2Si un retour à la normale est annoncé pour samedi, tous les vols long-courriers devant être opérés (quelques annulations restent possible sur le court-courrier), Lufthansa n’en a probablement pas fini avec le syndicat UFO : il a d’ailleurs prévu de faire de nouvelles propositions aujourd’hui. Mais le CEO Carsten Spohr, qui fait déjà face à une perte de plus de 230 millions d’euros causées par les grèves depuis le début de l’année, ne veut plus prendre de l’aspirine : « la douleur disparait à court terme, mais le mal n’est pas soigné », déclarait-il mercredi en rappelant que si historiquement la compagnie a reculé à chaque menace de grève, ce ne sera plus le cas. « Nous avons remis à plus tard les questions d’emploi depuis trop longtemps », a-t-il ajouté après avoir refusé une proposition d’arbitrage par un tribunal à qui il demandait d’interdire la grève, « il n’y pas d’alternative et je ne peux pas faire de compromis ». UFO a pris grand soin de préciser que cette grève était menée uniquement pour des questions de retraite, un tribunal ayant auparavant ordonné l’arrêt de celle des pilotes car impliquant la stratégie du groupe. Mais tout le monde sait que derrière la grève se profile la décision de Lufthansa de restructurer complètement son activité moyen-courrier, confiée hors hubs de Francfort et Munich aux filiales low cost Germanwings et Eurowings, cette dernière développant en outre une offre long-courrier. Si les conflits durent depuis 18 mois, le CEO peut comparer la situation de Lufthansa avec celle de British Airways, qui avait fait face en 2010 à une situation similaire et avait mis plusieurs années à imposer aux PNC de nouveaux contrats plus proches des concurrentes low cost (les pilotes avaient en revanche été épargnés).