Plusieurs mouvements sociaux affecteront la compagnie aérienne Air France cette semaine, à commencer par l’appel à la grève lancé par deux syndicats minoritaires de pilotes, et un autre mouvement social au sol qui pourrait entrainer des retards. Au cœur des revendications, les suites judiciaires aux violences du CCE début octobre, et le plan Perform 2020 qui entrainera 1000 suppressions de postes l’année prochaine. Les syndicats de pilotes SPAF et Alter ont lancé vendredi un appel à la grève les 2 et 3 décembre 2015, protestant à la fois contre les suppressions d’emplois annoncées pour l’année prochaine chez la compagnie nationale française, et les poursuites judiciaires dont font l’objet cinq employés impliqués dans les incidents autour du Comité Central d’Entreprise du 5 octobre. L’ampleur du mouvement ne sera connue que demain, mais il devrait a priori n’avoir qu’un impact limité sur le programme de vols d’Air France ; le syndicat majoritaire SNPL a refusé de se joindre à l’appel. Au sol, ce sont les syndicats CGT, FO et SUD Aérien qui ont appelé à des arrêts de travail également mercredi 2 décembre, jour de comparution des cinq salariés devant le Tribunal de Grande Instance de Bobigny, ainsi que jeudi et vendredi – jour d’un nouveau CCE. On sait désormais que cette comparution ne servira qu’à fixer la date du procès, qui devrait être repoussé au printemps, mais une manifestation est cependant prévue par une intersyndicale mercredi face au tribunal. Jeudi devrait être marqué par une autre « manifestation pacifique » des 13 syndicats signataires, cette fois au siège d’Air France à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Vendredi dernier, la première lettre de licenciement d’un salarié du fret impliqué dans les violences d’octobre a été officialisée, après l’échec d’un « recours gracieux » auprès de la direction. Trois autres employés d’Air France Cargo renvoyés devant le tribunal doivent subir le même sort, plus un représentant du personnel à Air France Industries dont le cas sera traité à part. La réintégration des cinq est exigée par l’intersyndicale, pour qui ils sont « victimes de la politique antisociale de nos dirigeants qui se servent de cet évènement pour criminaliser toute contestation dans notre entreprise ». Rappelons que onze salariés ayant participé à l’enfoncement du portail d’accès font l’objet d’une mise à pied sans solde de 15 jours. La CGT expliquait dans un communiqué justifiant son appel à la grève que « la concurrence déloyale que subit notre entreprise face aux compagnies nationales des pays du Golfe » avait été évoquée lors des audiences devant l’Assemblée nationale ; « quelques jours plus tard, le 13 novembre, la France est frappée en plein cœur. Comment pourrions-nous ignorer les premières analyses, celles qui s’interrogent sur le financement de Daesch ? », demande le syndicat selon qui « il apparait pourtant que “la plupart de ces fonds proviennent des pays du Golfe, où des donateurs acheminent des millions vers la frontière turco-syrienne…” pourrez-vous lire, de ci de là. Comment ne pas faire de liens face à ces mises en causes, face à ces pays déclarés partenaires de la France ? Les différents gouvernements nous doivent des réponses ! » La CGT souligne que l’état d’urgence déclaré dans le pays « ne suspend aucun des plans que déploie la direction. Même si elle promet de ne recourir, dans certains secteurs, qu’à des plans de départs volontaires, le bilan du dernier PDV prouve que les candidats sont beaucoup moins nombreux qu’elle le souhaitait. Pour atteindre ses objectifs financiers, la direction fera le choix des licenciements ! Et nous devrions regarder, sans rien dire, sans rien faire ? Nos emplois n’attendent pas ! L’état d’urgence sociale est là ! »