Les violences lors du Comité Central d’Entreprise de la compagnie aérienne Air France lundi dernier sont comprises par 54% des Français selon un sondage publié hier, mais seuls 8% les approuvent. Un autre sondage deux jours plus tôt affirmait au contraire qu’ils n’étaient que 32% à afficher leur compréhension. La couverture médiatique des incidents du 5 octobre 2015 lors du CCE d’Air France semble avoir son influence sur les sentiments des Français : après la diffusion ad nauseam des images de dirigeants fuyant les bureaux chemises déchirées, un sondage Odoxa pour iTELE publié vendredi soir montrait qu’il s’agit « d’actes inexcusables » pour 67% des personnes interrogées voyaient dans ces violences. Seulement 32% jugent à l’inverse que l’on peut « comprendre la colère des salariés dans un contexte de plan social », ce qui ne signifie pas que ces derniers approuvent les actes commis selon Odoxa. Sans surprise, les sympathisants de droite sont une majorité écrasante à les rejeter (75% contre 25%), mais il est révélateur que même les sympathisants de gauche, pourtant beaucoup plus enclins à se mettre du côté des grévistes, soient eux-aussi une nette majorité à les réprouver (58% contre 41%), souligne Céline Bracq, Directrice Générale d’Odoxa. L’étude montre en outre que les Français sont une majorité à considérer que la responsabilité principale de ce conflit porte sur les syndicats de pilotes (52%) plutôt que sur la direction de la compagnie (46%). On observe sans grande surprise un clivage gauche-droite assez net à ce sujet, explique Odoxa : alors que 57% des sympathisants de gauche font porter la responsabilité à la direction, 65% des sympathisants de droite la font porter sur les syndicats de pilote. Néanmoins, le fait que 40% des sympathisants de gauche donnent raison à la direction d’Air France dans cette affaire « constitue une forme de surprise, et explique pour une large part, le fait que, pour une fois une majorité de Français soutienne une direction dans un conflit social ». Mais les médias ont aussi longuement relaté l’argument de certains syndicalistes pour qui cette violence physique est à remettre dans le contexte de la violence sociale des dirigeants d’Air France. Un point qui semble avoir fait évoluer l’opinion du grand public à en croire le sondage IFOP pour Sud Ouest Dimanche publié hier : interrogés sur le comportement de certains salariés en colère qui s'en sont pris à deux dirigeants de la compagnie aérienne, seulement 38% des Français condamnent (44% chez les cadres, 35% dans les professions intermédiaires, 34% chez les ouvriers, 24% chez les employés), 8% approuvent – et 54% disent qu'ils comprennent mais n'approuvent pas (les employés sont 66% à comprendre sans approuver, les professions intermédiaires 60% et les ouvriers 54% - contre 49% chez les cadres supérieurs et professions libérales). Comparaison n’est pas raison, surtout en matière de sondages quand les questions ne sont pas les mêmes. Et les Français ont de toute façon des réflexes constants en matière de conflit social : le sondage d’Odoxa affirme que pour 82% des personnes interrogées, le conflit d’Air France est « révélateur d’un dialogue social qui se dégrade dans notre pays ». Alors que comme le soulignait dans Le Figaro Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du Travail, « dans l'ensemble, les conflits baissent en intensité et en nombre, les relations sociales dans l'entreprise sont de plus en plus matures, basées sur la négociation, aussi bien du côté des directions d'entreprises que du côté des syndicats »…