L’interview du PDG de la compagnie aérienne Air France-KLM a provoqué le courroux de l’Union des Aéroports Français (UAF), selon qui la phrase « la desserte intercontinentale directe des villes de province par des compagnies étrangères est une stratégie extrêmement pénalisante pour le hub » de Paris-CDG pourrait entrainer des conséquences dramatiques pour les aéroports de province. Suite à l’entretien avec Alexandre de Juniac publié par Les Echos, lors duquel il déclarait aussi que « vouloir ouvrir quelques vols directs au détriment du hub de Roissy est un raisonnement qui pénalise, in fine, les territoires », l’UAF a diffusé le 11 mars 2015 son propre communiqué : « les aéroports régionaux réunis à l'UAF tiennent à souligner les conséquences dramatiques pour nos territoires d’une stratégie qui vise in fine à concentrer tous les vols intercontinentaux sur le hub d’Air France à Roissy. Les aéroports régionaux doivent pouvoir répondre à la forte demande de leurs clients pour l’ouverture de lignes directes en long courrier. Les Régions ont besoin de ces lignes directes pour accompagner leur développement économique, le rôle des aéroports régionaux étant d’accompagner ce développement en particulier à l’international ». Pour l’UAF, « la stratégie d’Air France revient à anéantir toute initiative des aéroports régionaux pour ouvrir des liaisons aériennes long-courriers à destination des pays avec lesquels les entreprises ont besoin de liaisons rapides et directes. Cette nécessité a notamment été récemment rappelée par l’ensemble des acteurs économiques et du tourisme des Régions Rhône Alpes et PACA, lorsqu’ils ont pris l’initiative de lancer une pétition pour le déblocage des droits de trafic à Lyon et Nice. Les chefs d’entreprise ont clamé ne pas vouloir être pris en otage par une compagnie, quelle qu’elle soit, qui voudrait leur imposer des contraintes inutiles dans leurs déplacements. Ces régions, comme les autres régions françaises, ont besoin d’un aéroport à leur dimension pour accompagner leur développement économique et assurer leur rayonnement international tant à l’import qu’à l’export ». L’ire de l’Union des Aéroports Français va plus loin : elle estime que « plus globalement, la politique d’Air France est d’ignorer la richesse des régions en ne répondant pas, comme n’importe quelle entreprise en compétition, aux besoins de ses clients mais en concevant une stratégie s’appuyant uniquement sur des actions de protectionnisme pour laisser survivre un modèle économique manifestement encore déficitaire. L'importance de la place de Paris s'impose d'elle-même et est naturellement promise à se développer. Ce ne sont pas des vols directs en nombre limité depuis les aéroports régionaux qui peuvent être une menace. Par contre, une pratique protectionniste freinerait la recherche de productivité et le développement d'opportunités de correspondances sur les plateformes parisiennes ». Et de conclure : « laissons le choix aux entreprises régionales de partir de chez elles - elles le demandent. Donnons envie aux populations du monde de découvrir nos régions françaises sans leur imposer un passage par Paris. Ne cherchons pas à brider le développement de territoires puissants et dynamiques qui contribuent au développement de la France et à son attractivité, en réduisant les aéroports régionaux à un simple rôle d’alimentation du Hub d’Air France ». Rappelons que l’UAF regroupe 137 membres qui exploitent près de 155 aéroports en France métropolitaine et outre mer, soit la totalité du trafic commercial français. Elle agit principalement dans deux domaines d'activités : l'exploitation aéroportuaire et le développement du transport aérien. L'Union des Aéroports Français représente les intérêts de ses membres auprès des assemblées parlementaires et des pouvoirs publics, des compagnies aériennes ou des fournisseurs, et les assiste dans leurs relations avec les transporteurs aériens.