Le PDG de la compagnie aérienne Air France-KLM Alexandre de Juniac a justifié son départ en juillet prochain par le sentiment d’avoir atteint les objectifs qui lui avaient été fixés au début de son mandat. Interrogé sur RTL le 6 avril 2016, le dirigeant du groupe franco-néerlandais a expliqué que lorsque il a été nommé, « le conseil d'administration d'Air France m'a dit : il faut ramener la maison à l'équilibre et la désendetter. Ça c'est fait ». Et d’ajouter que si Air France est « sortie de la zone de risque », elle n'est toujours pas « revenue dans le peloton des trois ou quatre meilleurs mondiaux. Et c'est ça qu'il faut pour Air France », un travail qu’il reconnait ne pas être simple pour son successeur. Avouant avoir décidé de démissionner depuis l’annonce des résultats en mars, Alexandre de Juniac exprime aussi des regrets sur les relations avec les pilotes français, dans un long entretien accordé aux Echos : sans citer leur syndicat le SNPL, il accuse les représentants des pilotes « de ne pas vouloir « prendre leurs responsabilités » pour parvenir à un accord sur l’avenir d’Air France, et « dénonce la stratégie syndicale du bouc-émissaire » consistant à rejeter sur d’autres la responsabilité des difficultés ; mais il affirme aussi qu’il sera « content » si son départ « peut aboutir à un accord demain », avouant avoir sous-estimé la réaction des pilotes au projet Transavia Europe. Sur le fameux Plan B de Perform 2020 finalement adouci, le PDG sortant rappelle que la décision de le lancer avait été prise d’abord fin juin 2015 suite à la « baisse inattendue de la recette unitaire » (le prix du pétrole était alors nettement plus élevé qu’aujourd’hui), et confirmée à la rentrée malgré une bonne saison estivale dont il ne savait pas « si ça allait durer ». Mais il trouve « complètement faux et même suicidaire pour l’entreprise » le raisonnement de certains syndicats pour qui l’amélioration des comptes rend inutiles des efforts supplémentaires. Il reste en effet « un gros boulot à faire » pour qu’Air France-KLM revienne au niveau de ses concurrents comme IAG ou Lufthansa, dont les résultats financiers « sont de 2 à 10 fois supérieurs aux nôtres ». Le groupe n’a pas les mêmes moyens pour investir, recruter ou acheter des avions, précise Alexandre de Juniac, et si la situation économique du groupe ne s’améliore pas « nous serons déclassés ». Il rappelle au passage que les négociations sur la productivité ont abouti « chez KLM et avec les personnels au sol d’Air France, mais malheureusement pas avec les pilotes et les hôtesses et stewards » de cette dernière. Alexandre de Juniac devrait rester en fonction jusqu’au 1er août, et veut mettre à profit cette période pour « assurer une transition sans heurt », mais aussi « sans arrêt et sans dévier de la ligne fixée ». Interrogé par Les Echos sur son successeur idéal, il évoque un profil très international et aussi très orienté vers le client, avec un avantage pour celui qui saura « bien gérer la relation avec le principal actionnaire » (l’état français) : mais « une chose est sûre, le nouveau patron devra être un réformateur courageux et tenace ». Il souhaite que ce successeur soit trouvé d’ici l’Assemblée générale du 19 mai, car faire vite « est évidemment mieux pour l’entreprise ». L’annonce de son départ mardi a d’ailleurs été suivie à la Bourse par une chute de 3,23% du cours de l’action Air France-KLM. Reste à espérer pour la compagnie aérienne que les syndicats ne décident pas d’arrêter toute négociation en attendant de savoir ce que leur réservera le nouveau-venu… Quant à l’IATA qu’il va rejoindre, Alexandre de Juniac en parle comme d’une organisation « prestigieuse, un acteur essentiel dans le domaine de la sécurité aérienne, des standards technologiques, commerciaux, qui discute avec les Etats et les organisations intergouvernementales ». Et rappelle qu’avec la fin du mandat de Tony Tyler fin juin, le moment de se décider « était donc maintenant et pas dans six mois ou dans deux ans ». Des proches estiment qu’il se servira de ce nouveau poste, plus rémunérateur aussi, pour rebondir à terme dans une autre compagnie aérienne.