Deux syndicats représentant les hôtesses de l’air et stewards de la compagnie aérienne Air France s’élèvent contre le nouveau plan de départs volontaires (PDV) prévoyant la suppression de l’équivalent de 200 postes cette année. Avec pour argument que la situation économique ne le justifie plus, mais sans proférer de menace de grève. Dans un communiqué diffusé le 6 avril 2016 par le SNPNC et l’UNSA, l’Intersyndicale PNC indique qu’elle a décidé de s’opposer à la mise en œuvre par Air France d’un Plan de départs volontaires cette année, « comme la compagnie le fait depuis 2013 sans discontinuer ». Ce PDV concerne 200 postes PNC en équivalents temps plein, et vient s’ajouter aux plans de 2013, 2014 et 2015 qui ont « déjà permis à l’entreprise de faire partir 1235 PNC au total ». Les syndicats expliquent que si ils manifestent leur opposition après avoir accepté (sans signer) les PDV précédents, « c’est que la situation économique d’AF a radicalement changé en 2015 : 462 millions d’euros de bénéfice d’exploitation et un déficit réduit d’1,1 milliard d’euros ». Et selon eux, « tous les signes » montrent que les résultats s’annoncent meilleurs en 2016 ; ce qui n’empêche pas Air France de maintenir un PDV « décidé à une époque où la peur de la perte de l’emploi faisait la part belle aux départs volontaires ». Ils notent en particulier le « glissement sémantique » de la direction : les mesures « étaient avant hier justifiées par la survie de l’Entreprise, hier pour « rester en première Division », aujourd’hui pour être les leaders du Transport aérien européen (demain mondial ?) ». S’il n’y a rien de mal à être ambitieux, les syndicats pensent que le PNC préfère voir les profits de l’Entreprise traduits sur sa feuille de paye « plutôt que dans les classements des revues économiques ». Depuis le plan de restructuration Transform 2015, les syndicats affirment qu’Air France a développé une logique infernale ainsi résumée : « je demande des efforts de productivité aux PNC et à leurs représentants. Ces efforts de productivité (ex : réduction des compositions d’équipage, du temps de repos en escale, du nombre de jours de congés payés) génèrent du sureffectif, qu’il faut résorber. Et c’est sans fin : après Transform et ses 20% de productivité, AF voulait encore récupérer 17% via le Perform 2020 « produire » de ce fait quelques centaines de postes PNC surnuméraires qu’il faut donc supprimer. Les départs naturels à l’âge de cessation légal d’activité ne suffisent plus, il faut donc créer des mesures d’incitation au départ ». L’intersyndicale souligne que si les mesures d’incitation aux départs se traduisaient par des embauches, « nous serions les premiers à les soutenir ». Mais Air France « n’a plus recruté de PNC depuis 2008 », sa politique d’expansion se traduisant par le transfert du court- et moyen-courrier vers HOP! et surtout vers la low cost Transavia. D’autre part, ajoutent les syndicats, elle a profité de ce contexte pour annoncer un recrutement massif de PNC en Contrat de Qualification Professionnelle (CQP) : un contrat d’une durée de 6 à 9 mois à l’issue duquel le titulaire « retournera à la précarité », sachant que « notre métier se caractérise par des compétences très spécifiques rendant toute adaptation/reconversion compliquée ». Une façon donc pour Air France de « favoriser des  CDD particulièrement précaires au détriment de CDI ». Enfin les syndicats remarquent qu’en « vidant la compagnie de ses PNC en CDI », le quatrième PDV « vide un peu plus » la CRPN (caisse de retraite) d’hôtesses de l’air et stewards actifs et cotisants, et les remplace dans leur grande majorité par des PN retraités et donc pensionnés. La CRPN se trouverait aujourd’hui confrontée non seulement à un « déficit technique d’une ampleur jamais connue », mais également à « un ratio cotisants/pensionnés le plus faible constaté ». L’intersyndicale des PNC se dit convaincu que ce PDV ne sera pas le dernier, même si « des esprits optimistes objecteront que ce ne sont pas 200 départs supplémentaires qui changeront fondamentalement les choses ». On notera au passage qu’Air France a repoussé de deux mois au 31 mars 2017 la clôture du plan prévoyant 1405 départs volontaires parmi le personnel au sol. Une décision validée par la CFDT, la CFE-CGC, FO et l'UNSA mais rejetée par la CGT minoritaire.