La compagnie aérienne Air France a décidé de poursuivre en justice le syndicat de pilotes SNPL, accusé de ne pas avoir respecté les accords salariaux contrairement aux PNC et au personnel au sol. Elle va en outre fermer quatre routes non rentables vers Stavanger, Vérone, Vigo et Kuala Lumpur, et envisage de reporter les livraisons des Airbus A350 et Boeing 787, dans le cadre d’un nouveau tour de vis sur le plan Perform 2020. Déçue par l’absence de progrès après sept mois de négociations avec le syndicat majoritaire de pilotes, la direction de la compagnie nationale française a annoncé le 15 juin qu’elle allait porter l’affaire en justice. Le SNPL Air France ALPA (65% des pilotes) est accusé de n’avoir rempli que « 65% de ses engagements », alors que des rapports montrent que le personnel au sol a atteint 100% et les hôtesses de l’air et stewards 96% des leurs. La procédure de référé vise à obliger le syndicat à mettre en œuvre les dernières mesures, qui avaient fait l’objet d’un accord en 2012, et auraient dues être mises en place trois ans plus tard dans le cadre de Transform 2015. L’objectif visé était un gain de productivité de 20% pour l’ensemble du personnel ; les pilotes n’en seraient qu’à 13%. Le SNPL a immédiatement réagi par voie de communiqué contre ce « choix politique malheureux », parlant d’une « option doublée du choix catastrophique de l’attrition » qui serait « un palliatif sans lendemain à l’absence de vision industrielle ». Le syndicat dit contester tant la méthodologie que le bien fondé de ces déclarations « à l’heure où aucune information officielle ne nous a été adressée », et à deux jours de l’ouverture des négociations sur un nouveau plan de restructuration. « Dans l’incapacité de trouver une méthode contractuelle pour solder le précédent plan, la direction retourne sur son terrain favori : celui de la communication en délaissant à dessein celui de la négociation », déclare le SNPL ; « lorsque la procédure se substitue au dialogue, cela démontre la faiblesse de la relation sociale et de la capacité à porter un projet convaincant ». Ce choix stratégique est « regrettable pour qui prétend mener à bien des réformes vitales pour l’avenir d’Air France », ajoute encore le syndicat, avant de rappeler qu’aucune compagnie aérienne « n’a su se réformer sans l’engagement fort de ses pilotes ». Avant de conclure : « si Air France vient de déclarer la guerre à ses pilotes, le SNPL AF ALPA, quant à lui, n’est pas en guerre contre sa direction. Il préférerait construire l’avenir d’Air France de manière responsable vis à vis des clients du Groupe ». air-journal_Air_France_Regional_e170Les annonces de la compagnie de l’alliance SkyTeam ne portent pas que sur les relations avec les pilotes : elle fera le point fin septembre sur les deux plans de départs volontaires en cours (PNC et personnel au sol), mais aussi sur les négociations en cours et sur la situation économique de l’entreprise. Selon le PDG Frédéric Gagey, « nous serons alors en mesure de décider des actions nécessaires pour l’avenir d’Air France ». Mais d’ici là, des décisions ont été prises concernant le réseau : trois destinations régionales et une quatrième long-courrier disparaitront dès la prochaine saison hivernale, pour manque de rentabilité. Les liaisons entre l’aéroport de Paris-CDG et Stavanger en Norvège ou Vérone en Italie sont opérées deux fois par jour par HOP! en Embraer 170 de 76 sièges, et celle vers Vigo en Espagne une fois par jour ; les réservations pour la saison hivernale étaient impossibles depuis fin mai. Le retrait d’Air France à Kuala Lumpur (trois rotations hebdomadaires cet été) devrait permettre à sa concurrente Malaysia Airlines de respirer un peu mieux. Mais elle va en outre réduire ses fréquences sur certaines routes « fortement affectées » vers le Brésil (Rio de Janeiro et Brasilia), le Japon (Tokyo et Osaka) ou la Russie (Moscou). Les achats généraux, billets GP et autres « dépenses extérieures » feront aussi l’objet d’une remise en cause chez Air France, qui étudie aussi la possibilité de retarder les livraisons des nouveaux avions long-courriers, les 18 Airbus A350-900 attendus à partir de l’année prochaine ainsi que les douze Boeing 787-9 Dreamliner. Un troisième A340 pourrait aussi quitter la flotte plus rapidement que prévu. L’ensemble de ces changements devrait lui permettre d’économiser rapidement environ 80 millions d’euros en année pleine ; rappelons que le plan Perform 2020 prévoit au total des économies de 1,1 milliard d’euros.