Le PDG de la compagnie aérienne Air France a annoncé hier que de nouvelles suppressions de lignes long-courriers étaient envisageables faute d’accords avec le personnel navigant cet automne. Une position dénoncée par les syndicats dans une rare unanimité. La compagnie nationale française devra fermer davantage de lignes long-courrier à l’automne 2015 faute d’accord avec les syndicats du personnel navigant qui permettrait d’atteindre les 80% de liaisons rentables, a averti Frédéric Gagey lors d’une audition devant l’Assemblée nationale le 15 juillet 2015. « Que faire d'autre? S'il s'avère à l'automne 2015 que nous devons considérer que nos écarts de coûts sont pérennes et que nous ne serons jamais, sinon comparables, au moins suffisamment proches pour être dans un état de compétition satisfaisant vis-à-vis de nos concurrents, et bien oui, nous devrons engager pour atteindre le passage de 50% à 80% de lignes long courrier rentables, des restrictions sur notre réseau long courrier », a expliqué le dirigeant. Avant d’affirmer que « ce n'est pas le choix du management et je ne peux imaginer que ce soit le choix des salariés », alors qu’Air France a déjà annoncé la suppression de sa liaison entre l’aéroport de Paris-CDG et Kuala Lumpur et des réductions de fréquence vers le Brésil (Rio de Janeiro et Brasilia), le Japon (Tokyo et Osaka) ou la Russie (Moscou) au début de la prochaine saison hivernale. Le réseau long-courrier ne sera pas le seul à souffrir d’ailleurs : les lignes non-rentables vers Stavanger, Vérone et Vigo seront également suspendues. Une nouvelle dégradation de la recette unitaire de la compagnie du groupe Air France-KLM avait déclenché le mois dernier l’annonce de nouvelles mesures afin d’économiser rapidement environ 80 millions d’euros en année pleine (le plan Perform 2020 prévoit au total des économies de 1,1 milliard d’euros). Les achats généraux, billets GP et autres « dépenses extérieures » feront l’objet d’une remise en cause chez Air France, qui étudie aussi la possibilité de retarder les livraisons des nouveaux avions long-courriers, les 18 Airbus A350-900 attendus à partir de l’année prochaine ainsi que les douze Boeing 787-9 Dreamliner. Un troisième A340 pourrait en outre quitter la flotte plus rapidement que prévu. M. Gagey a rappelé aux députés hier qu’Air France visait pour 2014 un bénéfice d’exploitation de 140 millions d’euros – objectif raté après une grève de deux semaines des pilotes. La compagnie de l’alliance SkyTeam fera fin septembre le point sur les négociations avec les syndicats. Mais la déclaration d’hier ne leur a pas plu : dans une unité rarement affichée, neuf organisations ont publié hier un communiqué commun. Intitulé « Les représentants des salariés unis pour la défense d’Air France », le texte explique que « l’ensemble des organisations syndicales d’Air France prend acte des annonces récentes de la direction de la compagnie et dénonce unanimement la stratégie d’attrition envisagée. L'Etat, actionnaire principal, ne saurait entériner une diminution brutale de l’activité qui à terme signera la fin de l’histoire d’Air France dont il est comptable vis-à-vis des Français. Au travers de nombreux rapports qu’il a lui-même commandés, le Gouvernement est conscient des dangers qui pèsent sur le Transport Aérien Français mais refuse à ce jour de prendre ses responsabilités. Air France peut disparaître, non pas à cause des conditions sociales de ses salariés qui ont montré leur implication par des années d’efforts, mais du fait des choix malheureux de ses dirigeants et des arbitrages du Gouvernement qui compromettent la viabilité de la compagnie. Nos organisations rappellent que l’investissement est indispensable à la modernisation de la flotte, au maintien d’emplois pérennes et de qualité en France, et pour donner un avenir à notre compagnie. Des milliers d’emplois sont en jeu. Nos organisations, unies, ne resteront pas spectatrices du démantèlement du pavillon français » (signé par ordre alphabétique par Alter, CFDT, CFE-CGC, CGT, FO Air France, SNPL Air France ALPA, SNGAF, SNPNAC, SNPNC, SPAF, Sud Aérien, UNAC, UNSA et UNSA-PNC).