Les deux pilotes de la compagnie aérienne Air France seront suspendus sans solde pendant quinze jours pour leur participation aux incidents du CCE d’octobre dernier, la plus petite sanction possible. Un Comité central d'entreprise extraordinaire a été convoqué pour la semaine prochaine, qui pourrait marquer le début d’un dégel dans les relations entre direction et syndicats. Les deux pilotes de la compagnie nationale française, accusés d’avoir facilité l’entrée des manifestants lors du CCE qui avait dégénéré le 5 octobre dernier, s’en sont bien sortis : Air France demandait quatre ans de blocage de carrière, mais le conseil de discipline d’hier a décidé de ne retenir que la sanction la plus basse possible, faute d’unanimité. Ils devraient donc recevoir dans une dizaine de jours (après validation par la direction) la notification officielle de leur suspension sans solde pour 15 jours ; les deux pilotes peuvent encore introduire un recours gracieux. Dix-huit salariés au total ont été l’objet de sanctions disciplinaires après les incidents : onze ont été mis à pied pour 15 jours, et quatre employés au sol ont été licenciés pour violence (un cinquième est en voie de l’être). Cinq employés seront en outre jugés le 27 mai devant le tribunal correctionnel de Bobigny pour violences en réunion, et dix autres pour dégradations. Le PDG d’Air France Frédéric Gagey a d’autre part convoqué hier un CCE extraordinaire le 15 janvier, pour discuter d’un « projet de croissance ambitieux » que les syndicats considèrent déjà comme un changement de stratégie – et de climat. Selon Le Figaro, le CCE de vendredi prochain a pour ordre du jour « une information sur la situation de l'entreprise, ses perspectives et son projet de développement », et sera l'occasion de « reprendre le dialogue social dans un esprit positif dès le début de l'année 2016 pour évoquer les perspectives et retrouver une stratégie de conquête », sur la base donc de ce projet de croissance ambitieux. Ronald Noirot, délégué CFE-CGC d’Air France, explique après une entrevue avec le nouveau DRH Gilles Gateau que la direction pourrait alors proposer « d'abandonner la deuxième phase du plan B de pure attrition » présenté à l'automne pour « revenir au plan A de croissance et de développement » ; Air France ne renoncerait toutefois pas aux efforts de productivité et de restructuration demandés, selon le syndicaliste. Suite à l’échec des négociations sur Perform 2020, la compagnie de l’alliance SkyTeam avait présenté un plan B prévoyant de supprimer 2987 postes ces deux prochaines années, dont un millier déjà actés pour 2016 via un plan de départ volontaires (PDV) ; Air France avait depuis répété que tout accord signé avec les syndicats de pilotes la conduirait à abandonner la deuxième phase. L’intersyndicale d’Air France doit se réunir aujourd’hui des suites à donner aux appels à la grève lancés par le syndicat de pilotes minoritaire Alter du 10 au 13 janvier, et par l’UGICT-CGT pour le 28 janvier toujours pour protester contre ces sanctions. Les débats devraient être influencés par le verdict plutôt clément d’hier, mais aussi par l’annonce d’un retour aux bénéfices d’Air France-KLM annoncé par le PDG Alexandre de Juniac.