La compagnie aérienne Air France « n’a pas d’autre choix » que de se restructurer pour le Premier ministre français, le dialogue social nécessaire devant inclure que tous assument leurs responsabilités, à commencer par les pilotes, alors que le DRH agressé lors du CCE dit vouloir tourner la page de la violence du CCE. D’autre part, Air France assure que le programme de vol de la liaison entre Paris et Tahiti via Los Angles sera identique en 2016 à celui de l’été dernier. Lors d’un débat organisé par Le Monde le 23 octobre 2015, Manuel Valls a déclaré que la compagnie nationale « n’a pas d’autre choix que de se restructurer », sinon elle connaitra le même « destin tragique » que ses anciennes rivales et voisines Swissair ou Sabena. Air France « n’est pas à l’abri » de connaître le même sort, a souligné le Premier ministre en rappelant la concurrence des low cost d’une part, et celle des « grandes compagnies qui se sont restructurées » et des compagnies du Golfe qui « bénéficient d'un certain nombre, on va dire pudiquement, d'avantages sociaux » d’autre part. Ce besoin de restructuration doit passer par « le dialogue social évidemment », a ajouté M. Vals, « mais l'ensemble des métiers - et ça commence par les pilotes - doivent assumer totalement leurs responsabilités ». Alors que se terminait vendredi le Comité Central d’Entreprise d’Air France, où 1000 suppressions de postes ont été confirmées mais non détaillées pour la seule année 2016, il a précisé que si ces pilotes « ne se mettent pas autour de la table et ne participent pas de cet effort », ce sont « les autres salariés » qui devront le subir. Air France a confirmé 1000 départs volontaires pour l’année prochaine, sur les 2900 suppressions de postes prévues d’ici fin 2017 par le Plan B de Perform 2020. La compagnie de l’alliance SkyTeam « souhaite trouver des accords » avec les syndicats de toutes les catégories professionnelles pour gérer la deuxième tranche de départs, le total de postes supprimés devant concerner selon Le Figaro jusqu’à « 1823 personnels au sol, 890 hôtesses et stewards et 280 pilotes ». Les syndicats ont d’ailleurs lancé une procédure d’alerte hier afin de demander l’examen par un cabinet d’audit externe des comptes d’Air France, dont les salariés détiennent 6,6% du capital (contre 17,6% à l’Etat, le reste étant dans les mains d’actionnaires privés sur le marché). Dans une interview exclusive accordée au Parisien, le DRH de la compagnie Xavier Brosetta, dont la chemise avait été arrachée lors du CCE du 5 octobre, dit qu’il est temps de tourner la page : « ce dont j’ai envie maintenant, c’est de regarder vers l’avenir. Je ne veux pas rester bloqué sur ce truc-là », déclare-t-il après avoir raconté la « cohue » et « ces mains qui agrippent sa chemise au niveau du col, les boutons qui sautent les uns après les autres », mais aussi ces responsables syndicaux qui tentent de l’aider. Il évoque dans le même temps « son état psychologique, les traces que cette folle journée a eu sur ses proches », mais aussi la « colère des salariés » à qui il voudrait proposer une nouveauté : trois contrats de travail « en fonction du niveau de productivité voulu ». air-journal_Air France 777-200ERDe l’autre côté du monde, Air France a déclaré dans un communiqué publié par La Dépêche de Tahiti que la liaison entre la métropole et l’aéroport de Papeete-Faa’a n’était absolument pas menacée par le plan de restructuration en cours, qui doit en particulier toucher le réseau long-courrier. Elle explique que « grâce notamment aux efforts de chacun et aux stratégies commerciales », la ligne ParisLos AngelesPapeete « est revenue à un équilibre économique satisfaisant depuis 2013 et n’est absolument pas remise en cause » : les trois rotations hebdomadaires (mercredi, vendredi et dimanche en Boeing 777-200ER) seront reconduites en l’état l’été prochain. La compagnie ajoute qu’elle poursuit son développement en Amérique du Nord et l’amélioration de son produit, avec notamment des vols supplémentaires entre Paris et Los Angeles et le déploiement progressif de ses nouvelles cabines ; sans oublier que sa partenaire Delta Air Lines « investit aussi fortement sur la plateforme de correspondance de Los Angeles pour augmenter le nombre des destinations desservies, et permettre plus de connections pour les Polynésiens en Amérique et plus d’opportunités pour des touristes américains de profiter de notre destination ».