Le ministre malgache des transports affirme que la compagnie aérienne Air Madagascar est en cessation de paiement après avoir perdu 3,5 millions de dollars pendant la grève de dix jours qui vient de la paralyser en partie. Le chômage technique menacerait déjà ses employés. Cité par l’Express de Madagascar du 23 juin 2015, le ministre de tutelle de la compagnie nationale malgache affirme que « la compagnie est en cessation de paiement, et que ce problème de trésorerie est tel qu’elle ne peut plus faire face à ses obligations dont entre autres le salaire des employés. En outre compte tenu de la dégradation de la situation financière et technique de la compagnie, celle-ci risque de mettre en chômage technique une partie de ses employés à court terme ». Air Madagascar a bien fait décoller lundi « quelques vols régionaux et internationaux » selon le journal (vers Moroni ou Bangkok par exemple), et d’autres hier (dont un vers Dzaoudzi), mais elle a dû faire appel à des « techniciens venus de l’île Maurice pour effectuer les contrôles techniques » d’un Airbus A340-300. Et les quelques décollages sont mal passés chez les grévistes : l’Express relate un communiqué de la direction selon qui « sept pilotes grévistes ont bloqué, insulté et tenté de dissuader le commandant de bord d’assurer le vol, au moment où ce dernier allait rejoindre la piste ». Et cite quelques chiffres : selon le directeur commercial Hery Rambeloson, « la réalisation de ces vols a permis de collecter 90 000 dollars de recettes contre 500 000 dollars par jour en période normale ; par ailleurs, le taux de remboursement s’établit à 28% contre 1 à 5% en période normale ». Air Madagascar assure ce matin avoir « mis en place des mesures conformes aux normes et règles de sécurité du transport aérien pour assurer la continuité de l'exploitation et le maximum de vols ». Mais pour connaître le programme de vols prévisionnel, les passagers sont priés de « se rendre auprès d'une représentation Air Madagascar ou de contacter le call center ». La grève du personnel a débuté il y a plus de dix jours, mais les syndicats ont durci le mouvement après avoir reçu une lettre de réquisition du ministre des transports malgache – rejetée au motif que le droit de grève est « protégé par la constitution » selon leur avocat. La médiation conduite par l’Inspection du Travail a échoué, le sort des personnels d’Air Madagascar sanctionnés, pour les uns de licenciement (quatre depuis le début du conflit), pour les autres de devoir se présenter devant le conseil de discipline, n’ayant pas été réglé. Les grévistes exigent la levée de toutes les sanctions contre leurs délégués de personnels, et parmi leurs revendications figurent aussi les cotisations de retraite qui n’auraient pas été versées, et la démission du président du conseil d’administration (qui est aussi directeur du cabinet de la Présidence), du directeur général de la compagnie et de celui de l’aviation civile malgache. Cet arrêt de travail illimité a déjà conduit Air Madagascar à annuler plus de 200 vols, et lui aurait donc coûté 3,5 millions de dollars. Aucun espoir de sortie de crise n’était visible mercredi matin.