Après les compagnies aériennes British Airways, Iberia et Air Berlin, c’est au tour d’Alitalia d’annoncer son départ de l’AEA (Association of European Airlines) pour protester contre le lobbying de l’association contre les compagnies du Golfe à propos des subventions d’état. Point commun à toutes ces compagnies aériennes : la présence justement de ces compagnies dans leur capital, Qatar Airways dans le cas du groupe IAG et Etihad Airways dans celui de la compagnie nationale italienne et du transporteur privé allemand. Et la justification de leur départ de l’AEA est la même : les efforts des poids-lourds Air France-KLM et Lufthansa pour que les autorités européennes agissent contre ce qu’elles considèrent comme de la concurrence déloyale, en l’occurrence les aides d’état qui seraient accordées aux trois grandes compagnies du Golfe (Emirates Airlines étant la troisième visée). Alitalia n’a pas publié de communiqué officiel sur le sujet, mais déjà en avril dernier son CEO Silvano Cassano disait réfléchir à sa position ; il expliquait alors les compagnies du Golfe « favorisent une approche plus libérale et une plus forte concurrence », ce qui est « bon pour le marché » ; et il rappelait qu’elles « investissent beaucoup » dans l’économie européenne, en particulier via leurs commandes d’avions chez Airbus. Le CEO D’Air Berlin Stefan Pichler était plus clair : il ne voit « aucun avenir dans une politique aérienne protectionniste en Europe », accusant l’AEA de « tolérer le leadership des compagnies aériennes qui essayent désespérément d’ériger un mur autour de l’Europe ». L’AEA s’est toujours défendue de toute promotion du protectionnisme dans les campagnes qu’elle a lancée sur « la libéralisation, les relations extérieures, ou la détention et le contrôle » des transporteurs européens. L’Association, qui représentait jusqu’à la crise actuelle 29 groupes aériens employant 365 000 salariés et transportant 415 millions de passagers par an, rappelle qu’elle influence l'industrie du transport aérien européen depuis plus de 60 ans. Au fil des ans, elle a « développé une solide réputation et est devenue un partenaire incontournable dans les relations avec d'autres intervenants de l'industrie, des fonctionnaires européens, les fonctionnaires nationaux, les médias européens et nationaux, ainsi que d'autres organisations internationales et des associations liées au transport aérien ».