Boeing devrait décider d’ici quelques mois s’il ralentit encore la production de ses 777-300ER et annule la hausse prévue de celle des 787 Dreamliner, faute de commandes. Le marché long-courrier pose bien des problèmes aux deux principaux avionneurs : après Airbus qui annonçait en avril la baisse de production des A380, Boeing envisageait de son côté le mois dernier de mettre fin à celle des 747. Ce sont désormais les deux autres familles de long-courriers américains qui pourraient ralentir : le directeur financier de Boeing Greg Smith a expliqué le 10 aout 2016 à New York que le manque de commandes pourrait avoir des conséquences sur le rythme de production des 777 et 787, aucune décision ne devant toutefois être prise avant « quelques mois ». Pour la famille Triple Sept, on sait déjà que ce rythme doit descendre de 8,3 appareils par mois actuellement à sept en 2017 puis 5,5 par mois en 2018, dans le cadre de la transition vers le 777X. Greg Smith n’a pas précisé jusqu’à quel niveau ce rythme pourrait encore descendre (peut-être jusqu’à quatre selon un analyste interrogé par le Seattle Times), tout dépendant du nombre de commandes : « soit nous les solidifions, soit nous baissons la production », a-t-il avoué. Boeing avait estimé à entre 40 et 60 commandes par an le nombre nécessaire pour utiliser les slots de production d’ici la fin de la décennie ; or depuis le début 2016, il n’a enregistré que huit commandes nettes pour les 777. Constat similaire pour la famille Dreamliner, Greg Smith remettant en question la hausse du rythme de production prévue, de 12 à 14 par mois d’ici la fin de la décennie : « nous alignerons la production à la demande, et si ce n’est pas 14 par mois nous nous adapterons », a-t-il expliqué, soulignant que ce ne sera « pas la fin du monde » si le rythme reste au niveau actuel. Les 787 n’ont enregistré cette année que 19 commandes nettes, après environ 700 dans les cinq années suivant le lancement du programme et 400 de plus pendant les cinq années suivantes. Si ces baisses de rythme de production sont décidées, l’impact sur l’emploi devrait être important surtout dans les usines de Boeing à Everett, plus de 3500 postes ayant déjà été supprimés dans l’Etat de Washington depuis le début de l’année (et 11.000 depuis 2012). La FAL de North Charleston serait moins concernée puisque c’est la seule qui assemblera le 787-10. Et le lancement du programme 777X ne devrait pas suffire à compenser ces pertes de l’emploi, d’autant qu’il n’a enregistré aucune commande cette année (306 commandes fermes au total).