Le syndicat CGT a décidé de faire appel après les différentes condamnations prononcées hier contre 15 salariés de la compagnie aérienne Air France impliqués dans l’incident des chemises arrachées. Le PDG d’Air France-KLM a lui refusé de commenter les verdicts, souhaitant un dialogue social apaisé alors que les négociations sur Trust Together se profilent. Le Tribunal de Bobigny a condamné le 30 novembre 2016 trois ex-salariés de la compagnie nationale française, tous militants de la CGT, à 3 et 4 mois de prison avec sursis pour avoir agressé, lors d'une manifestation pendant le comité central d'entreprise d’Air France en octobre 2015 le DRH de compagnie nationale française Xavier Brosetta et le responsable du long-courrier Pierre Plissonnier ; deux prévenus ont été relaxés, et les dix autres se sont vus infliger une amende de 500 euros. Le procureur avait requis en septembre des peines de deux à quatre mois de prison avec sursis contre les cinq prévenus accusés de violences, et une amende de 1000 euros contre les dix autres pour dégradations. Après le verdict, le numéro 2 de la CGT Mehdi Kemoune a immédiatement annoncé son intention de faire appel, l’avocate de onze des quinze prévenus Lilia Mhissen précisant que quatre d’entre eux y étaient déjà favorables. Elle a reconnu que les autres pourraient en revanche être dissuadés de continuer le combat judiciaire par « la carotte » que constitue la non-inscription au casier judiciaire des peines prononcées. Quant à l’ancien magasinier à la maintenance et délégué syndical CGT Air France Vincent Martinez, dont le licenciement avait été validé par le ministère du travail, il a expliqué dans Le Parisien vouloir se « reconcentrer » sur sa vie professionnelle, gardant espoir de réintégrer un jour la compagnie. Air France, qui a obtenu l’euro symbolique de dédommagement, a également indiqué son intention de tourner la page et de clore ce « triste épisode », le directeur juridique Franck Raimbault saluant un « jugement équilibré qui confirme que la violence doit être sanctionnée ». Un court communiqué de la compagnie ajoute que la décision du tribunal était « la seule qui pouvait apporter une réponse cohérente, elle confirme que toute violence physique contre des individus est intolérable ». Et au niveau du groupe Air France-KLM, c’est le silence : pas de commentaire sur le verdict de la part du PDG Jean-Marc Janaillac, qui avait remercié le PDG de la compagnie française de l’époque Frédéric Gagey et repris la présidence d’Air France, avec Franck Terner pour directeur général. Le dirigeant dit souhaiter un « dialogue social apaisé » qui soit moins « sous la pression de la grève » ; un souhait compréhensible alors que vont bientôt débuter les négociations avec les syndicats sur son plan stratégique Trust Together. Un plan qui a déjà provoqué la colère des syndicats de PNC, notamment l’annonce du projet Boost de compagnie long-courrier à bas coûts, mais a été plutôt bien accueilli par le SNPL représentant les pilotes. « Nous avons commencé les contacts et les négociations, avec à la fois les pilotes et les PNC, pour voir comment on peut avancer » sur la nouvelle filiale, a expliqué Jean-Marc Janaillac pour qui les négociations seront « courtes mais compliquées ».
 
air-journal_KLM Air France Chili 2On retiendra aussi les déclarations de ce même Jean-Marc Janaillac sur l’état des finances du groupe et de la compagnie française : le PDG a confirmé selon Les Echos qu'Air France-KLM restera bénéficiaire cette année, avec un résultat d'exploitation en nette progression, « proche de 1 milliard d'euros » contre 816 millions en 2015. Mais il a aussi rappelé la fragilité de cette performance, évoquant une valorisation boursière du groupe « ridiculement basse » (« quatre fois inférieure à celle de Lufthansa et dix fois moindre que celle de Ryanair, soit la valeur de dix avions long-courriers alors que nous en avons 160 ») et un niveau d’endettement trop élevé qui fait qu’aujourd’hui « les capitaux propres d'Air France sont négatifs ». Les futurs efforts sont eux justifiés par la rentabilité la plus faible parmi ses rivales : « la moitié de celle de Lufthansa, le tiers de celle de British Airways et le quart de celle de Delta ou d'easyJet » selon Jean-Marc Janaillac.