Le rapport d’enquête final sur le crash du vol GE222 de TransAsia Airways, qui avait fait 48 morts en juillet 2014, insiste sur les nombreux manquements à la sécurité de la compagnie aérienne taïwanaise qui ont conduit à l’erreur de pilotage. L’ATR 72-500 de TransAsia Airways, reliant l’aéroport de Kaohsiung à Magong dans l’île de Penghu, s’était écrasé le 23 juillet 2014 lors d’une deuxième tentative d’atterrissage par mauvais temps, tuant 48 des 58 personnes à bord (dont deux Françaises) et faisant cinq blessés légers au sol. Le Conseil de la Sécurité Aérienne de Taïwan (ASC), équivalent du BEA français, a publié le 29 janvier 2016 son rapport final, qui attribue aux pilotes la responsabilité de l’accident : ils ont insisté pour se poser malgré le manque de visibilité dû au passage d’un typhon et une approche trop basse et mal alignée. Une remise de gaz trop tardive a entrainé un choc avec des arbres puis l’écrasement de l’appareil sur des maisons. L’ASC conclut qu’il s’agit donc bien d’un impact du terrain sans perte de contrôle (CFIT), et souligne que la coordination et la communication de l’équipage, ainsi que la gestion du danger ou des erreurs ont été « inefficaces » au mieux : le copilote avait répondu deux fois par la négative aux questions du commandant de nord qui lui demandait s’il voyait la piste, mais ce dernier avait quand même poursuivi sa tentative d’atterrissage. L’enregistreur des conversations du cockpit (CVR) a en particulier révélé que les deux pilotes avaient discuté entre eux avant de demander à la tour de contrôle à 19h06 d’effectuer un go-around, l’enregistrement s’arrêtant trois secondes après l’appel en question. Il a aussi confirmé qu’aucun appel de détresse n’avait été émis par l’équipage avant que l’appareil ne s’écrase sur des maisons à une courte distance de la piste, et que les pilotes n’avaient mentionné aucun problème durant le vol si ce n’est la présence de vents forts à l’approche de Magong. Mais l’ASC souligne aussi que les procédures de vol avaient été violées à plusieurs reprises, ce qui semblait être une pratique courante chez TransAsia : les pratiques à haut risque y étaient une « culture traditionnelle ». Les enquêteurs accusent en particulier la compagnie d’avoir des effectifs insuffisants, non seulement chez les pilotes mais également dans le personnel évaluant la sécurité en interne. Ils recommandent toute une série de mesures visant à revoir « extensivement » la formation des équipages et la gestion des risques. Et l’aviation civile taïwanaise (CAA) n’est pas épargnée, qui aurait ignoré tous les manquements à la sécurité enregistrés par la compagnie ; elle a promis de renforcer la supervision des transporteurs taïwanais. Autres éléments ayant joué un rôle dans le crash du vol GE222, la météo aurait été mal transmise aux pilotes, et la gestion duelle civile et militaire de l’aéroport de Magong a généré d’autres problèmes de communication. Rappelons que TransAsia avait été victime d’un autre crash, celui du vol GE235 le 4 février 2015 lors duquel les pilotes avaient coupé le mauvais moteur après une panne de leur ATR 72-600 ; l’accident avait fait a fait 42 morts et un disparu parmi les 58 passagers et membres d’équipage. La CAA avait alors suspendu 29 pilotes de la compagnie; le rapport final de l'ASC est toujours attendu. air-journal_crash GE222 TransAsia trajet air-journal_crash GE222 TransAsia debris