Des recherches sont en cours dans la Méditerranée pour tenter de localiser les éventuels débris du vol MS804 de la compagnie aérienne Egyptair, disparu des écrans radar la nuit dernière entre Paris et Le Caire. Il transportait 66 personnes, 56 passagers dont 15 Français et dix membres d’équipage. Le ministre de l’aviation civile égyptienne a demandé ce 19 mai 2016 de ne pas spéculer sur les possibles causes de la disparition de l’Airbus A320 de la compagnie nationale, qui a disparu des écrans radar peu après être entré dans l’espace aérien égyptien. Des officiels demandant l’anonymat ont toutefois avoué que « la possibilité d’un crash a été confirmée », l’appareil ne s’étant posé dans aucun aéroport de la région cinq heures après que son transpondeur a cessé d’émettre. Les hôpitaux le long de côte égyptienne sont tous en état d’alerte selon le ministère de la santé local. Les recherches dans la zone où l’avion a disparu, lancées par l’Egypte, ont reçu l’aide de la Grèce et de la France sur la mer et dans les airs ; des officiels grecs ont affirmé à l’AFP que l’A320 était tombé près de l’île de Karpathos, située entre Rhodes et la Crête mais dans l’espace aérien égyptien. L’enregistrement d’un signal émis par une balise de détresse, annoncé par la compagnie, n’a pas été confirmé. Le contrôle aérien grec déclarait initialement avoir « passé la main » aux collègues égyptiens dix minutes avant la disparition du vol MS804 des écrans radar, ce que contestait Egyptair. Une version plus précise a été diffusée ce matin : les Grecs ont parlé aux pilotes pour la dernière fois à 2h48 (celui qui a répondu était « de bonne humeur et a dit au revoir »), mais des appels à 3h27 pour savoir si l’avion avait bien quitté l’espace aérien sont restés sans réponse, y compris sur la fréquence de détresse, alors que l’A320 se trouvait encore dans l’espace aérien grec (qu’il aurait quitté à 3h29, 40 secondes avant de disparaître des écrans radar). Rappelons que selon Egyptair, l’avion se trouvait à une altitude de 37.000 pieds (11.270 mètres) quand il a disparu. Selon Flightradar, l’appareil avait volé hier 18 mai vers Tunis et Asmara (Erythrée), avant d’être déployé sur le vol MS804. Des escales qui selon les premières spéculations auraient pu être l’occasion de cacher une bombe à bord ; ce qui n’empêche pas la Gendarmerie du Transport Aérien de passer en revue toutes les conditions d’embarquement de passagers ou de fret à bord du vol MS804 à Roissy, y compris l’identité des personnes effectuant les contrôles. La liste des passagers fait également l’objet d’une attention particulière. « Aucune hypothèse ne peut être écartée sur les causes de cette disparition », a déclaré sur RTL le Premier ministre français Manuel Valls, tandis que le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault rencontrait les familles de passagers dans un hôtel à Paris-Charles de Gaulle ; il a lui aussi souligné qu’il fallait attendre des « informations fiables ». L’ancien directeur du Bureau d'Enquêtes et Analyses (BEA) Jean-Paul Troadec a été plus direct sur Europe 1 : si l'équipage n'a pas envoyé de message d'alerte, « c'est que l'événement a été très, très brutal », a-t-il déclaré, avant d’admettre que l’ont peut « penser effectivement à un attentat ». Le Parquet de Paris a ouvert une enquête. Parmi les 56 passagers, dont trois enfants, se trouvaient selon Egyptair trente Egyptiens, quinze Français, deux Iraquiens, un Belge, un Canadien, un Algérien, un Britannique, un Portugais, un Koweïtien, un Saoudien, un Soudanais et un Tchadien. La nationalité des dix membres d’équipage n’a pas été précisée, ce nombre incluant trois agents de sécurité. Airbus a confirmé que l’A320 immatriculé SU-GCC (MSN2088) avait été livré neuf à Egyptair en novembre 2003 ; l’avion équipé de moteurs IAE avait depuis accumulé environ 48.000 heures de vol. L’avionneur, qui dit ne posséder aucune information factuelle, participera comme se doit à l’enquête avec le BEA. Le commandant de bord avait accumulé selon Egyptair 6275 heures de vol, dont 2101 en A320, tandis que son copilote avait 2766 heures de vol à son actif. La compagnie de Star Alliance avait déjà été victime le 29 mars dernier d’un détournement d’avion, le pirate de l’air voulant se rendre à Chypre où son ex-femme résidait ; il n’y a avait pas eu de blessés. L’Egypte avait connu un autre crash le 31 octobre dernier, quand un A321 de Metrojet s’était disloqué en plein vol dans le Sinaï, faisant 224 victimes ; l’EI avait revendiqué la destruction de l’avion via une bombe transportée à bord. Le dernier crash mortel d’Egyptair remonte à mai 2002, quand un Boeing 737-500 reliant Le Caire à Tunis s’est écrasé peu avant son atterrissage par mauvais temps, tuant 14 des 64 occupants de l’avion. La plus grande catastrophe de son histoire reste toutefois le vol MS990 du 31 octobre 1999, quand son 767 reliant New York au Caire a disparu dans l’Atlantique, entrainant la mort de 217 personnes ; la version officielle « probable » du suicide du copilote a toujours été démentie par Egyptair.