Une grève de cinq jours débute ce lundi matin dans le centre du contrôle aérien de Reims, sans indication pour l’instant d’une extension au reste du territoire français. L’impact sur le trafic est inconnu. Après avoir annulé leur grève prévue la semaine dernière en raison des attentats du 13 novembre, les syndicats SNCTA et USAC-CGT ont déposé pour ce 23 novembre 2015 un nouveau préavis, portant jusqu’à samedi prochain. Le secrétaire d’état aux transports Alain Vidalie a publié un communiqué disant sa « surprise », et que « chacun appréciera l’opportunité de ce mouvement dans le contexte exceptionnel auquel notre pays fait face ». Avant de rappeler que la contestation porte sur la mise en œuvre d’un projet de réorganisation des routes et espaces aériens transfrontaliers, « mené depuis plusieurs années en coopération avec nos pays voisins dans le cadre du FABEC, et pour lequel un important travail de concertation et de formation est conduit avec les contrôleurs ». Il s’agit d’un projet « déterminant pour l’avenir du ciel européen, dans lequel la France entend pleinement s’inscrire. Le refus par la France de la mise en œuvre de cette réorganisation nous disqualifierait auprès de nos partenaires européens et obèrerait l’avenir ». La direction générale de l’aviation civile (DGAC) « reste pleinement mobilisée pour examiner les conditions de mise en œuvre de cette réforme ». Surprise pour l’un, stupéfaction pour les autres. C’est en tout cas le mot employé par le SNCT en réponse au communiqué du ministère : Alain Vidalies « utilise de manière choquante l’actualité pour mettre à l’index un mouvement de grève », décrit comme « l’ultime protection des contrôleurs contre la mise en place d’un nouveau dispositif de routes aériennes qu’ils rejettent du fait de sa dangerosité potentielle ». Et d’expliquer que depuis « de nombreux mois, les contrôleurs aériens chargés de la gestion des vols dans le quart nord-est de la France font part de leurs inquiétudes quant aux imperfections graves dont souffre ce nouveau dispositif de routes. Multiplication des trajectoires conflictuelles, réduction des temps d’analyse et d’action, profils de descente dangereux vers l’aéroport de Roissy, trajectoires de rejointes et de départs des aéroports de Zurich et Bâle inabouties. Les premières simulations conduites au mois d’octobre ont confirmé les craintes des contrôleurs en mettant en évidence les graves lacunes du dispositif ». Le SNCTA précise que la DGAC a « reconnu ces failles et demandé aux contrôleurs de poursuivre malgré tout la mise en œuvre du projet en proposant d’abaisser de manière drastique le nombre de vols qui pourraient emprunter ce nouveau réseau ». Cette solution a été rejetée par les contrôleurs qui considèrent que « le risque est inhérent au dispositif, quelle que soit la charge de trafic ». Le syndicat affirme en outre que lundi dernier, « alors même que la France entière était dans le recueillement », la DGAC a menacé plusieurs contrôleurs de Reims de sanctions disciplinaires s’ils refusaient d’accompagner de manière active la mise en œuvre du projet. « Profitant de l’émotion causée par les événements tragiques », la DGAC a donc fait le choix de « pousser, sous la contrainte, des contrôleurs à mettre en œuvre un choix politique de M. Vidalies en complet décalage avec les exigences techniques et de sécurité que requiert ce type de décision ». Les contrôleurs aériens sont les seuls responsables sur les secteurs de contrôle, rappelle pour conclure le SNCTA : il n’est « pas acceptable qu’une autorité administrative ou politique leur impose d’exercer leurs responsabilités dans un environnement qu’ils ne considèrent pas suffisamment sûr pour les passagers et les populations survolées ».