Le syndicat de pilotes Vereinigung Cockpit (VC) de la compagnie aérienne Lufthansa a annoncé la poursuite de sa grève demain, mais uniquement sur le long-courrier, alors que ce vendredi, 830 vols sont annulés sur les routes intérieures et régionales. Ce 25 novembre 2016, troisième jour de grève des pilotes de la compagnie nationale allemande, plus de 100.000 passagers seront affectés par la suppression de 830 vols court- et moyen-courrier dans les aéroports du pays. En France par exemple, cinq des six rotations vers Paris-CDG sont annulées, tout comme les quatre prévues vers Lyon, les trois vers Nice, les trois vers Toulouse ou les deux vers Marseille. Lufthansa rappelle que les vols intercontinentaux ne sont pas concernés par la grève aujourd’hui ; mais quelques départs pourraient être annulés en conséquence de la grève d’hier. Au total, plus de 315.000 voyageurs ont été affectés par l’annulation de 2618 vols depuis le début de la grève des pilotes mercredi, une grève initialement programmée pour 24 heures. Afin de soulager les voyageurs, Lufthansa a réservé des milliers de chambres d’hôtels autour de ses hubs à Francfort et de Munich, des lits pliants étant disponibles dans les aéroports pour ceux qui y sont bloqués pour raisons de visa. Les mesures commerciales habituelles ont bien sûr été prolongées. La compagnie de Star Alliance rappelle que les autres filiales du groupe, la low cost Eurowings, Swiss, Austrian Airlines, Air Dolomiti et Brussels Airlines, ne sont pas concernées par la grève. air-journal_Lufthansa 747-8i (1)A l’opposé d’aujourd’hui, l’arrêt de travail de samedi ne touchera que le long-courrier ; il faudra attendre la mi-journée pour en connaitre l’impact exact. Klaus Froese, CEO du hub de Francfort et lui-même pilote d’Airbus A320, a affirmé dans un message aux employés que la continuation de la grève « réduit les possibilités de sortie de conflit plutôt que de les augmenter », et que ces grèves ne sont pas basées sur une décision structurée mais « semblent guidées par l’émotion ». La direction de Lufthansa a de nouveau plaidé pour un retour aux négociations et le recours à une médiation extérieure, tout en refusant les exigences salariales présentées par VC. Le directeur de la gestion des hubs Harry Hohmeister a déclaré que la situation actuelle des pilotes est qu’ils « sont nettement mieux payés que chez la concurrence » ; en tant que membre du conseil d’administration, son rôle est s’assurer que « Lufthansa reste viable à l’avenir » tout en s’occupant de quelque 120.000 employés : cela « ne sera pas possible si on accorde une augmentation de 20% ». Selon lui, les deux premières journées de grève ont coûté 20 millions d’euros à Lufthansa, avec en outre un impact déjà visible sur les réservations à moyen terme. Le PDG du groupe Carsten Spohr a de son côté souligné que Lufthansa, malgré un bénéfice record en 2015, doit continuer à réduire ses coûts – « comme Ryanair le moyen-courrier ou Emirates Airlines sur le long-courrier ». Rappelons que les pilotes n’ont bénéficié d’aucune augmentation de salaire depuis cinq ans, le syndicat réclamant une augmentation rétroactive de 3,66% en moyenne par an tout en soulignant le bénéfice supérieur à 5 milliards d’euros dégagé par le groupe ces cinq dernières années ; il dénonce une « dramatisation excessive » des dirigeants de la compagnie, qui a proposé une hausse de salaire de 2,5%. Ce conflit a déjà entrainé une grosse quinzaine de grèves depuis quatre ans (la dernière en septembre 2015), avec des centaines d’annulations de vol à la clé – et des centaines de milliers de passagers affectés. Lufthansa a déjà signé des accords avec les syndicats de PNC et du personnel au sol, dans le cadre de son plan de réduction des coûts.