Après un premier jour de grève de ses hôtesses de l’air et stewards à peu près conforme à ses prévisions, la compagnie aérienne Air France pense pouvoir assurer ce jeudi plus de 80% de ses vols intérieurs, plus de 70% de ses vols moyen-courriers de et vers Paris-CDG, et plus de 90% de ses vols long-courrier. Les syndicats SNPNC-FO et UNSA-PNC crient à l’intox, et annoncent un impact beaucoup plus important lors du pic d’activité du weekend. Au deuxième des sept jours de ce que le nouveau PDG d’Air France-KLM appelle un mouvement « extrêmement regrettable et agressif », la compagnie nationale française « compte tenu d'un taux de personnels de cabine grévistes estimé à 36% pour cette journée » (37% mercredi) prévoit pour ce jeudi 28 juillet 2016 d'assurer un peu moins de vols qu’hier : plus de 90% sur le long-courrier (92%), plus de 80% sur le réseau intérieur 90% hier) et plus de 70% sur le moyen-courrier de et vers l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle (80% hier). Air France rappelle que « ponctuellement » des annulations et des retards de dernière minute ne sont pas à exclure, des difficultés dans la composition des équipages étant également susceptibles d’entraîner des limitations dans le nombre de passagers par vol. Les vols AF opérés par un avion d'une autre compagnie, dont HOP!, KLM et Delta Air Lines, ne sont pas concernés par ce mouvement, pas plus que ceux de la filiale low cost Transavia France. Quelque 30.000 passagers devraient donc être affectés au deuxième jour d’une grève censée durer jusqu’au 2 août, dont 27.000 en raison de l’annulation de leur vol. Sur le long-courrier en particulier, ce sont les liaisons vers Bangalore, Houston, Séoul, Brasilia, Los Angeles qui sont affichées en rouge ce jeudi ; 150 vols moyen-courriers et 70 intérieurs seraient également annulés. Air France aurait en outre mobilisé 200 cadres PNC pour limiter l’impact de la grève. Si le nouveau PDG d'Air France-KLM Jean-Marc Janaillac promet dans le Figaro de « consacrer son énergie à rétablir la confiance avec les syndicats », ces derniers contestent sans surprise les chiffres avancés sur le nombre de grévistes ou l’impact réel de leur action. Dans un communiqué commun intitulé « Halte à l’intox » mis en ligne hier, le SNPNC-FO et l’UNSA-PNC (45% des voix dans la compagnie) expliquent que le mouvement connait un « franc succès ». « Comme elle l'avait fait pour la grève PNT », Air France selon eux « désinforme outrageusement en annonçant 35% de grévistes aujourd'hui. Souvenez-vous, pour les pilotes elle annonçait 20% alors que 60% avaient cessé le travail » ; ils affirment que « ce sont 50% de grévistes déclarés par rapport à l'effectif engagé sur le 27 juillet (1500 PNC engagés environ). A cela il faut rajouter toutes les déclarations sous IPN dont nous n'avons pas les retours ». Mercredi, 175 vols ont été annulés en amont selon les deux syndicats, 175 vols étaient limités (débarquement de passagers), et « de nombreux vols sont également annulés à chaud » par exemple à l’aéroport de Montpellier où 70% des vols vers et depuis Paris étaient annulés. Pour les syndicats, les statistiques présentées par Air France incluent « tous les vols, HOP, codes share, vols retours d'escale afin de minimiser artificiellement l'impact pourtant bien réel sur le terrain ». Et ils soulignent évidemment les résultats financiers présentés par Air France-KLM, qui « continuent de s'améliorer fortement. La dette diminue encore de 300 millions d'euros et le résultat d'exploitation s'est amélioré de 580 millions d'euros par rapport à 2015 », demandant pourquoi la compagnie « refuse de garantir nos conditions de travail et de rémunération sur une période décente? ». Avant donc de demander aux PNC de rester mobilisés, « seul le rapport de force peut nous permettre d'aller chercher l'Accord collectif décent que nous méritons ». Rappelons que les deux syndicats exigent que l’accord collectif actuel des PNC, qui arrive à échéance en octobre, soit prolongé plus longtemps que les 17 mois proposés par la direction. La direction d’Air France a fait savoir hier que la porte des négociations restait ouverte, tout en soulignant que la position des syndicats doit évoluer « afin de parvenir à un compromis ». Le directeur financier d'Air France-KLM Pierre-François Riolacci a de son côté estimé que cette grève « coûtera quelques dizaines de millions d'euros, probablement plus que les 40 millions de celle des pilotes en juin ».