Le syndicat de contrôleurs aériens UNSA-ICNA responsable de la grève de deux jours menace de recommencer la semaine prochaine si les négociations ne débouchent sur rien de concret. Les perturbations dans les aéroports français, et plus largement dans l’espace aérien hexagonal, ont duré jusque tard dans la soirée de lundi. L’aéroport de Paris-Orly a été encore une fois le plus affecté par la grève le 21 mars 2016, avec un vol sur trois annulé, des retards atteignant encore 80 minutes en début de soirée et de longues files d’attente. Marseille était touchée hier de façon similaire, et des annulations ont été enregistrées à Nice, Lyon, Toulouse, Nantes, Bordeaux, Rennes, Brest… La mobilisation des contrôleurs aurait été « largement sous-estimée par la DGAC malgré les avertissements depuis quatre semaines », affirme l’UNSA-ICNA : le secrétaire national Laurent Bertin expliquait sur France 3 que « Nous sommes exaspérés par la situation, exaspérés de voir nos effectifs baissés et aucune réponse en face ou des réponses inadaptées ». Si les négociations avec la DGAC n’aboutissent pas, le syndicat qui représente 20% des voix chez les 4000 contrôleurs aériens menace de déclencher une nouvelle grève dès la semaine prochaine. La FNAM, qui représente 95% du secteur du transport aérien français, et l’UAF (Union des Aéroports Français) ont fait le bilan hier des deux jours de grève : plus de 600 vols ont été supprimés dans les aéroports parisiens, dont 450 sur le seul aéroport de Paris-Orly (environ 40% des vols), et plus de 500 vols ont été annulés au départ et à l'arrivée des aéroports régionaux (de 18 à 37% d'annulation). Cette « énième grève inacceptable » porte à 13 le nombre de jours de grève des contrôleurs depuis janvier 2013 selon leur décompte. La FNAM rappelle que lors de la grève de juin 2014, ils avaient « obtenu une hausse de près de 6,5% de la redevance de routes applicable dès 2015, augmentant de manière substantielle les coûts pour les compagnies aériennes basées en France ». Du côté des aéroports, l’UAF précise également que cette nouvelle grève « occasionne une perte financière importante pour les plates-formes et un coup porté à l’économie des territoires qu’elles desservent ainsi qu’une forte dégradation de la qualité de service aux passagers, avec des retards pouvant aller jusqu’à plus de 6h ». L’association de compagnies aériennes « Airlines for Europe » (A4E), dont font partie Air France-KLM, IAG, Lufthansa, Finnair et les low cost easyJet, Ryanair et Norwegian, a lancé hier une « task force » pour trouver des moyens de limiter l’impact des grèves de contrôleurs aériens, et les transmettre à la Commission européenne. Parmi les possibilités, la gestion par des contrôleurs étrangers des secteurs affectés par les grèves ; selon A4E, plus de 10.000 vols de ses membres ont été perturbés l’année dernière par 28 jours de grève sur le continent. Ryanair, qui a réitéré hier sa dénonciation du mouvement social « égoïste » des contrôleurs français, a mis en place pour ce mardi vingt vols supplémentaires afin d’acheminer les passagers bloqués, dont une rotation entre Dublin et Nantes et une autre entre Francfort et Nador.