L’annonce du départ d’Alexandre de Juniac de la direction d’Air France-KLM a provoqué des réactions mitigées chez les syndicats. La recherche d’un successeur est lancée, son remplaçant devant être nommé d’ici fin juillet. En quatre ans de présence à la tête de la compagnie aérienne franco-néerlandaise, Alexandre de Juniac aura réussi à redresser les comptes : Air France-KLM a annoncé en 2015 des bénéfices nets, pour la première fois depuis sept ans. Mais cela s’est fait au prix d’un plan de restructuration sévère, Transform 2015 ayant entrainé la suppression de milliers de postes, avec pour conséquence des tensions sociales ayant culminé avec la grève de quinze jours des pilotes d’Air France à l’automne 2014, où l’épisode des chemises déchirées lors du CCE en octobre dernier. Le syndicat SNPL a d’ailleurs réagi hier, son porte-parole Emmanuel Mistrali parlant d’une « vraie surprise » mais soulignant dans Capital que le dialogue entre Alexandre de Juniac et les pilotes « n’avait jamais vraiment repris » après cette grève. « Peut-être a-t-il compris que nous n'allions jamais adopter ses projets de développement », se demande-t-il, avant de parler dans l’Obs d’un départ mettant fin à « des années de dialogue social médiocre, des grèves dures et des passages en force de la direction ». Même son de cloche pour la CGT, dont le secrétaire général Miguel Fortea estime sur France Info qu’Alexandre de Juniac a « semé la violence sociale » et n’a cherché qu’à « opposer entre eux » les différentes catégories de salariés. Pas du tout, réplique sur la même antenne Ronald Noirot de la CFE-CGC, pour qui « la violence sociale, je ne suis pas certain qu'elle soit du fait du PDG mais beaucoup plus de gens qui étaient là pour jouer les agitateurs et qui n'ont pas su se réfréner » ; il rappelle aussi comment le SNPL a bloqué les négociations sur le développement de la filiale low cost Transavia, avant de souhaiter un nouveau patron à la tête du groupe « de la trempe d’Alexandre de Juniac ». Les syndicats de PNC sont en revanche restés silencieux hier. air-journal_Air France KLM JuniacLe départ du PDG d’Air France-KLM, pour prendre la tête de l’IATA fin juillet au plus tard, serait selon une source interne citée par l’Obs dû au fait qu’il « considère qu’il peut partir maintenant, car il a redressé l’entreprise (…) et amélioré le produit : grâce à lui, les nouvelles cabines ou sièges Air France ont relancé la compagnie ». Alexandre de Juniac ne semble en tout cas pas avoir été retenu par son actionnaire principale, l’Etat français, peut-être dans l’espoir de négociations plus apaisées sur Perform 2020, en particulier avec les pilotes. Le conseil d'administration d'Air France-KLM a annoncé hier avoir engagé la préparation d'un plan de succession, le comité de nomination et de la gouvernance s’étant adjoint l’aide d’un cabinet international de recrutement pour identifier « le meilleur dirigeant à même de poursuivre la consolidation et le développement du groupe ». Plusieurs noms circulent déjà, parmi lesquels Frédéric Brégier (patron d’Airbus qui aurait décliné), Guillaume Pepy (SNCF) ou Alexandre Bompard (FNAC), Philippe Boisseau (ex Total) et bien sûr les dirigeants des compagnies du groupe Frédéric Gagey, Pieter Elbers et Lionel Guérin (HOP!). Le nouveau PDG aura plusieurs chantiers devant lui : poursuivre le développement de Transavia face aux easyJet, Ryanair ou autres Vueling, améliorer la productivité du personnel navigant en particulier sur le moyen-courrier, et continuer la lutte sur le long-courrier et le haut-de-gamme contre en particulier les compagnies du Golfe. air-journal-logo-iata-02L’IATA a de son côté expliqué hier qu’Alexandre de Juniac avait été choisi « à l’unanimité » par le Conseil des gouverneurs pour succéder à Tony Tyler ; sa confirmation devrait avoir lieu lors de l'Assemblée générale annuelle début juin à Dublin. « Alexandre sera un excellent dirigeant pour l'IATA. Il connait bien notre industrie et son expérience de l'aviation et du secteur gouvernemental sera précieuse. Je suis convaincu qu'il saura maintenir l'IATA à l'écoute de ses membres pour leur offrir des services à la hauteur de leurs attentes », a déclaré le directeur sortant dans un communiqué. Il sera en tout cas le premier dirigeant d’une compagnie française à prendre la tête de l’Association Internationale du Transport Aérien.