Mike Poon, le PDG de Symbiose qui a signé l’acquisition de 49,9 % de la société de gestion de l’aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB), ferait l’objet d’une procédure de justice en Chine pour corruption. Il a disparu de la circulation depuis un mois. Les opposants au projet de privatisation se délectent de l’affaire.

Le 18 avril dernier, Mike Poon déclarait encore à la Dépêche du Midi : « Vous verrez que nous tiendrons les promesses que nous avons faites ». Il déclarait vouloir «  favoriser le développement de vols internationaux et en particulier en provenance de l'Asie et de la Chine » et investir 1,4 milliard d’euros d’ici 2020. Sauf que le nouveau PDG de Symbiose traverse de graves turbulences avec des soupçons de corruption qui pèsent sur lui, entraînant sa démission le 17 juin dernier de la présidence de la direction générale d’une de ses sociétés, en l’occurence, China Aircraft Leasing Company (CALC). Plus troublant encore, selon  le South China Morning Post, le milliardaire chinois aurait disparu depuis plus d’un mois, soit avant l’annonce officielle de sa démission

« Rien ne changera » concernant la reprise de l’aéroport, a assuré le 23 juin, Anne-Marie Idrac, présidente du conseil de surveillance d'ATB à travers la société CASIL Europe, nouveau nom du consortium Symbiose. « Je ne sais pas où est Mike Poon mais, à vrai dire, cela ne m'importe pas tellement. Il est président de Calc. Calc est un loueur d'avion qui n'a rien à voir avec l'aéroport et avec qui je n'ai pas de relations d’affaires », a-t-elle ajouté.

Mais du côté des opposants à la reprise de la plateforme aéroportuaire toulousaine, l’affaire est trop délétère pour ne pas réagir. «Comment peut-on accepter qu'un outil aussi important soit entre les mains d'une entreprise aussi légère et nébuleuse?», s’interroge dans la Dépêche, Marc Péré, maire de l'Union (divers gauche), qui relève, en outre, que la société compte un capital de « 10 000 €, aucun salarié et deux dirigeants».

Chantal Beer Demander, la présidente du Collectif d'opposants à la privatisation, a aussi lâché quelques salves dans les colonnes de la Tribune: « La vente de l'aéroport était déjà sulfureuse avec la présence du groupe Lavalin, interdit de marché public pendant 10 ans par la banque mondiale [...] mais la nouvelle de la démission du PDG de ce groupe ne fait que renforcer les doutes sur la probité des intervenants de cette opération. Les suspicions de corruption doivent amener le gouvernement à publier le pacte d'actionnaires et le projet industriel pour l'aéroport et à renoncer à  contre la privatisation de l'aéroport de Toulouse-Blagnac la vente, sans attendre le recours au conseil d'État que nous avons déposé ». Le collectif  contre la privatisation de l'aéroport de Toulouse-Blagnac ironise sur cette situation rocambolesque au moyen de plusieurs affiches « Wanted ».

[caption id="attachment_146329" align="aligncenter" width="480"]© Collectif contre la privatisation de Toulouse-Blagnac © Collectif contre la privatisation de Toulouse-Blagnac[/caption]