Carolyn McCall, dirigeante de la compagnie aérienne low cost easyJet, vient de recevoir la Légion d’Honneur en toute discrétion à Londres. Le syndicat de pilotes SNPL se pose des questions, tout en reconnaissant l’impact positif qu’elle a en France comme chez Airbus. Après avoir été nommée en fin d’année dernière Dame de l’Ordre de l’Empire Britannique (OBE) pour services rendus à l’industrie de l’aviation, la CEO de la spécialiste britannique du vol pas cher a reçu le 13 octobre 2016 la Légion d’honneur par Sylvie Bermann, ambassadrice française à Londres. La discrète cérémonie, mentionnée par easyJet seulement sur les réseaux sociaux, a selon PNC Contact été accompagnée des déclarations suivantes : Pour l’ambassadeur, « cette remise de Légion d’honneur vient reconnaître les efforts de Carolyn et de son équipe, dont ont pu bénéficier la France et le Royaume-Uni sur les plans économique et industriel, permettant à des millions de citoyens de voyager et de découvrir l’Europe grâce à des prix abordables et un service de qualité. C’est également pour votre soutien important aux femmes, et plus particulièrement aux femmes pilotes, que la France vous décore aujourd’hui ». Ce à quoi Carolyn McCall a répondu : « c’est un honneur pour easyJet et notre équipe française. EasyJet est engagé envers la France et nous continuerons de connecter des millions de passagers à destination de la France ». L’information serait probablement passée inaperçue si le SNPL n’avait pas publié hier un communiqué accueillant « avec circonspection » la remise de la Légion d’Honneur à la dirigeante d’easyJet en reconnaissance « des efforts de l’intéressée et de son équipe qui ont bénéficiés à la France sur les plans économiques et industriels ». La décoration n’est pas sans rappeler celle du PDG de Qatar Airways il y a un peu plus d’un an, explique le syndicat pour qui « l’attribution de cette haute distinction ne peut que contribuer au renforcement des liens entre easyJet et ses salariés basés en France et il serait injuste de ne pas féliciter Mme McCall à cette occasion ». Pour le SNPL, « on ne peut nier l’impact positif de l’expansion » d’easyJet en France (baisse des prix pour les voyageurs, augmentation de l’offre au départ des aéroports français, création d’emplois durables, etc.). Mais il se demande s’il ne faut pas y voir « un acte récompensant l’achat » de 135 Airbus A320 en 2014, opposant le « tableau idyllique » qu’il fait de l’action de la low cost dans l’hexagone à « la réalité de la vie dans l’entreprise » telle qu’elle est vécue par ses salariés. Pour le Bureau SNPL easyJet, cette récompense est en effet loin de faire oublier « les difficultés du dialogue social en interne » : la pénibilité des plannings, l’utilisation des limites les plus hautes permises par la réglementation en matière de temps de travail et la non prise en compte des alertes à l’épuisement ont selon lui « progressivement soumis les pilotes à des rythmes de travail difficilement soutenables, à une pression et un stress de plus en plus forts ». Cette dégradation des conditions de travail « est ressentie partout en Europe », ajoute le SNPL, « au point d’avoir motivé plusieurs mouvements de grève au cours des derniers mois » dans les différentes bases européennes d’easyJet. Si on y ajoute « l’utilisation abusive de travailleurs détachés, le sous-dimensionnement du service des Ressources Humaines et les prévisions de bénéfices en forte baisse », le malaise des salariés « contraste avec l’image enjouée affichée lors de la cérémonie de remise de la distinction à Mme McCall ». Au-delà des questions légitimes « sur les motivations réelles du gouvernement français cachées derrière cette décoration », le Bureau SNPL easyJet rappelle à ce dernier les nombreuses questions sociales qui restent en suspens au sein de la compagnie, « et qui n’ont toujours pas fait l’objet d’un traitement adapté par la récipiendaire de cette Légion d’Honneur ». air-journal_easyJet A320 sol 250e