L’aéroport de Montpellier-Méditerranée a présenté les grandes lignes de son plan stratégique « Destination 2020 », qui vise via des investissements à un doublement du nombre de ses destinations de 27 à 53, pour accueillir un million de passagers supplémentaires par an. Le trafic de l’aéroport de Montpellier a progressé l’année dernière de +4,5% pour atteindre 1,51 million de voyageurs, une performance qui l’inscrit dans le « Top Cinq des aéroports les plus dynamiques du pays » (pour ceux accueillant plus d’un million de passagers) - et qu’il n’avait pas réalisée depuis 2003 quand Air Littoral existait encore. Le 4 avril 2016, l’aéroport a détaillé son plan d’action pour les cinq années à venir, commençant par un état des lieux dans la région. Selon son communiqué, l’aéroportuaire représentait en 2015 dans l’ex-Languedoc-Roussillon un peu plus de 2,7 millions de passagers (1,5 M à Montpellier ; environ 400.000 à Carcassonne et Perpignan ; 245.000 à Béziers ; 200.000 à Nîmes). Soit une légère baisse de 0,7% sur 15 ans, « quand pendant la même période PACA gagnait 40% et Midi-Pyrénées 25% ». Une étude commandée par la Région LR au cabinet Bipe montre que les retombées économiques à l’échelon régional avoisinent les 800 millions d’euros, dont plus de 400M€ en provenance de Montpellier-Méditerranée. Globalement, cette même étude met en avant que 1000 passagers créent 4 emplois (un direct, deux indirects et un induit). Montpellier-Méditerranée estime toutefois que « plusieurs mouvements de fond » conduisent à une remise en question du modèle d’exploitation aéroportuaire qui prévalait jusque-là en France: la raréfaction de la ressource publique, la réforme territoriale et les nouvelles stratégies d’implantation et de développement des compagnies low cost en Europe, lesquelles quittent progressivement les petites et moyennes plateformes pour aller vers les plus importantes (exemple pris par l’aéroport : Ryanair qui, au profit de Barcelone, s’est massivement désengagé de Gérone lui faisant perdre 3,5 millions de passagers). Montpellier-Méditerranée, « fort d’une situation financière extrêmement saine », se dit apte à générer un réel développement dans ce contexte global. Mais il souhaite « aller plus vite et plus loin que son évolution naturelle permettrait ». En effet, seule une croissance significative et rapide lui fera passer un seuil critique et l’éloignera de sa « zone de vulnérabilité » (face notamment à la concurrence de l’aéroport de Marseille-Provence), en « gagnant en compétitivité et en attractivité par effet de volumes ». Tel est l’argumentaire que le Président du Directoire d’AMM, Emmanuel Brehmer, a développé lundi devant le Conseil de Surveillance, présidé par Pierre Vieu. Ce plan stratégique de développement, baptisé  « Destination 2020 » et « finalisé à l’issue d’une expertise poussée », a été présenté aux représentants des actionnaires (60% Etat, 25% CCI, 15% collectivités). Lesquels ont approuvé à l’unanimité les moyens et les objectifs de « Destination 2020 » : atteindre en 5 ans un trafic annuel supérieur à 2,5 millions de passagers, en proposant un réseau de 53 destinations (contre 27 aujourd’hui). Sur ces cinq ans, AMM va donc investir 14 M€ et les collectivités 23M€. Selon les calculs de l’étude de Bipe, ce gain d’un million de passagers générera d’ici à 2020 « la création de 4000 emplois, nouveaux et non délocalisables, et 200M€ de retombées économiques annuelles supplémentaires » sur le territoire. Les modalités et la configuration la meilleure pour que « Destination 2020 » entre en phase active et concrète seront définies d’ici à la prochaine séance du Conseil de Surveillance d’AMM, prévue en juin. Montpellier-Méditerranée  rappelle que l’année 2015 a été marquée par la progression des activités d’AMM sur l’ensemble des secteurs d’activité de la société : entre trafic aérien en hausse de plus de 4% et activités commerciales et domaniales, la croissance du chiffre d’affaires permet de dégager un excédent brut d’exploitation de 6,8 M€, stable par rapport à 2014, « malgré les efforts commerciaux et marketing importants engagés l’année dernière ». La politique initiée en 2014 de maîtrise des coûts de sûreté permet également à la plateforme de proposer un niveau de taxe aéroport en forte baisse « et désormais inférieur aux plafonds nationaux ». Le résultat d’exploitation s’établit ainsi à plus de 3 M€ (à 12,4% du CA), en augmentation de plus de 10% par rapport à 2014 ; le résultat net de 2,1 M€ est « en nette amélioration de plus de 600K€ principalement en raison de l’évolution favorable des provisions ». La rentabilité économique de la société est toujours forte, avec un ROCE à 8,6% en lien notamment avec la maîtrise des investissements. La société présente enfin une situation financière saine, avec un endettement de l’ordre de 13,5 M€ représentant moins de 2,5 fois la CAF. aj_air france a319L’aéroport rappelle aussi que la relation entre une compagnie aérienne et une plateforme s’établit selon deux critères essentiels : le potentiel commercial d’une liaison, et le coût de « touchée » dont s’acquittent les compagnies. Dans un contexte concurrentiel extrêmement tendu (« en Europe, 450 aéroports toutes tailles confondues courtisent moins d’une dizaine de compagnies traditionnelles ou low cost aptes à générer un développement significatif »), Montpellier-Méditerranée explique que la croissance de ces dernières années a été tirée par plusieurs axes : en France d’abord, les deux lignes vers Paris (Orly et Roissy) ont notamment été dopées par la politique tarifaire agressive mise en place par Air France depuis trois ans, qui permet à l’avion de reprendre des parts de marché face au TGV. Le faisceau Paris pèse ainsi 55,8% du trafic total de l’aéroport avec presque 842.000 passagers, et une progression de 4,3% l’an dernier. En revanche, les dessertes nationales sont en léger recul, du fait de réductions de capacités sur plusieurs lignes et l’arrêt de la desserte de Lille, et ce malgré les bonnes performances de Nantes, Ajaccio et l’apport de la nouvelle ligne vers Brest. air-journal_KLM Cityhopper E175En Europe, l’arrivée de KLM en mai 2015 a « largement contribué à doper les performances », avec un total de 375.000 passagers transportés. L’Afrique du Nord tire également son épingle du jeu, grâce notamment au fort développement de la low cost Air Arabia Maroc. Avec cinq lignes, elle est désormais la quatrième plus importante compagnie à Montpellier, derrière Air France, easyJet et Ryanair. Ainsi, les compagnies dites traditionnelles pèsent 2/3 du trafic (65,8%) en léger recul cependant par rapport à 2014. Le trafic généré par les compagnies low cost s’établit à 33,7% du total du trafic, en hausse d’un point par rapport à 2014. air-journal_volotea b717Pour ce 1er trimestre 2016, Montpellier affiche « une des plus fortes progressions des aéroports français avec Lille » à +10,3% par rapport à l’an dernier. Le trafic sur le faisceau domestique est en légère hausse de 0,2% du fait principalement de la bonne tenue de des lignes vers Orly et Roissy. L’ouverture de la ligne Bordeaux le 25 janvier « booste le trafic régional » et la concurrence établie entre HOP! et Volotea stimule le marché nantais (+22 %). Vers l’Europe, le trafic continue sur sa tendance positive encore avec une hausse conséquente de 11,5%. La desserte de Rome affiche une progression de 30% due à une augmentation du nombre de sièges proposés ; cela devrait s’accentuer avec une nouvelle fréquence de vol à compter du 1er mai. La liaison vers Amsterdam avec KLM, qui fêtera sa première année d’exploitation à Montpellier en mai, compte plus de 8000 passagers pour ce premier trimestre (la destination entre dans le top 10 des lignes les plus plébiscitées par les passagers au départ); son franc succès permet à la compagnie de proposer un 2ème vol le samedi à compter du 21 mai, et une augmentation de la capacité des avions. Enfin, sur le faisceau international, les scores explosent sur toutes les lignes. La forte augmentation des fréquences sur toutes les destinations d’Air Arabia Maroc, l’ouverture de Tanger et Marrakech depuis juillet dernier, et le retour de Royal Air Maroc sur Casablanca justifient ces bons résultats. Depuis vendredi, la liaison vers Alger est désormais proposée annuellement. air-journal_Aer_Lingus_A320neoMontpellier-Méditerranée a accueilli plus de 320.000 passagers depuis le début 2016, soit une hausse de 10,3% par rapport à l‘an dernier. Cette « belle dynamique devrait se poursuivre dans les prochaines années », avec l’ambition de franchir le cap des 2 millions de passagers en 2020, et un objectif de croissance de 7,4% en 2016 qui sera largement tirée par le trafic international. D’ores et déjà, plusieurs bonnes nouvelles éclairent le ciel depuis le début de l’année. L’arrivée de l’irlandaise Aer Lingus en mai prochain et le renforcement de l’offre de KLM devraient contribuer à réaliser cet objectif. Tout comme l’augmentation des capacités vers le Maroc (notamment Marrakech) et la récente offre annuelle sur la liaison Montpellier – Alger d’Air Algérie. Au final, le trafic international en 2016 devrait bondir de 22,5 %. Rappelons que la saison été a débuté le 27 mars avec 27 destinations reliées en direct par 16 compagnies aériennes. 11 vols loisirs sont programmés cette année au départ de Montpellier, un record : Croatie (en avril et mai), Madère (avril et juin), le Portugal (mai et juin) et même le Cap Vert (novembre), sont d’ores et déjà disponibles.