Le tribunal administratif de Nantes a rejeté vendredi 17 juillet l’ensemble des recours qu’avait déposé les opposants à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-Des Landes au nord de Nantes.

« Par quatorze jugements », le tribunal administratif rejette les recours déposés « contre les décisions prises par le préfet de Loire-Atlantique dans le cadre de la réalisation du projet d’aéroport du Grand Ouest Notre-Dame-des-Landes, déclaré d’utilité publique par décret du 9 février 2008 ». Manuel Valls a aussi réagit en affirmant que « cette décision confirme la parfaite conformité du projet au droit, et le respect des procédures encadrant la réalisation des projets d’infrastructures». Selon lui, la décision va logiquement entraîner « la reprise des travaux » sans qu’une date n’ait été évoquée.

Mais pour beaucoup, le feuilleton judiciaro-politico-socio-économique, entre défenseurs et opposants à ce projet cher à Jean-Marc Ayrault, ancien Premier ministre de François Hollande, n’est pas terminé. Tout d’abord parce que les « zadistes » occupent toujours le site de Notre-Dame-des-Landes (NDDL), et que la décision de lancer des travaux n’est pas sans risque, pour le gouvernement, en affrontements physiques in situ et en image de marque. Ensuite parce que les opposants comptent continuer leurs actions sur le terrain juridique. Ils envisagent bien sûr de faire appel de la récente décision du tribunal mais aussi de contester un arrêté préfectoral à venir prochainement et  concernant le campagnol amphibie, une espèce protégée oubliée dans le texte précédent.  « Ce problème devra être réglé avant tout démarrage des travaux ; il faut compter un mois environ de consultation publique, estime Stéphan de Ribou, le sous-préfet en charge du dossier de Notre-Dame-des-Landes dans les colonnes du Monde. Hormis ce point particulier, si l’ensemble est validé par le tribunal vendredi, le projet repart. »

La déception est présente chez les opposants, même s’ils ne s'avouent pas vaincus. «Même s'il y avait des raisons d'y croire, je m'y attendais, a déploré de son côté, François Verchère, coprésident du collectif des élus opposés au projet (CeDpa). Nous sommes devant un projet d'Etat et nous avons aujourd'hui la preuve que nous assistons à la fabrication d'un mensonge d'Etat. Nous avons démonté les arguments un à un, en particulier sur le volet environnemental, mais rien n'y fait. Quand on se souvient que dès la fin 2014 Manuel Valls avait annoncé qu'il attendait le jugement pour démarrer les travaux, oui, il y a des raisons de mettre en doute l'indépendance de la justice. Je pense que notre pays n'est pas une démocratie assumée. Le combat contre cet aéroport n'est pas perdu. Mais il est peut-être perdu par les voies démocratiques

«Le gouvernement s'est tiré une balle dans le pied. Il désire ménager les intérêts des baronnies socialistes nantaises, les dividendes des géants du béton... mais sans déplaire électoralement aux écolos qui rejouent Mad-Max dans le bois, avec des punks à chien. On appelle ça une palinodie quand on aime les Belles Lettres », résume Fabrice Dariot, le patron de Bourse des vols, un pionnier du I-Commerce de vente de billets d'avion. «Je pense que le dossier a toute chance d'être enterré jusqu'à la prochaine élection présidentielle», estime-t-il.

Un renfort est intervenu le 9 juillet dernier pour les anti-aéroports quand l'Union départementale de CGT de Loire Atlantique a publié un rapport  sur ce projet d’un point de vue revendicatif, et concluant que  « le maintien de l’aéroport sur le site actuel (de Nantes Atlantique n.d.l.r.) avec toutes les améliorations nécessaires en terme de sécurité, de condition de travail, d’accès et d’usage, présente davantage d’atouts que la construction d’un nouvel aéroport sur le site de NDDL. »