Deux syndicats de contrôleurs aériens ont déposé un préavis de grève jeudi, jour de mobilisation nationale contre le projet de réforme du Code du Travail. Après la CGT, FO et le SNPNC chez la compagnie aérienne Air France, ce sont les syndicats USAC-CGT et FO de la DGAC qui se sont joints hier à l’appel à la grève pour le 31 mars 2016. La Direction Générale de l'Aviation Civile devrait préciser aujourd’hui ses recommandations aux compagnies aériennes pour le trafic de jeudi ; Eurocontrol déclarait hier que le mouvement de grève devrait entrainer une réduction du nombre de vols de 20% à l’aéroport de Paris-Orly et de 33% à Marseille, seuls des retards étant attendus à Paris-CDG. Le syndicat de contrôleurs aériens UNSA-ICNA, responsable de la grève de deux jours la semaine dernière qui avait entrainé l’annulation d’un millier de vols, ne s’est pas joint à cet appel à la grève – qui affectera également des vols traversant l’espace aérien hexagonal. Le principal syndicat de la DGAC, l’USAC-CGT, explique dans un communiqué que les suppressions d'emplois dans la Fonction publique en général et à la DGAC en particulier « ont atteint un seuil dangereux. Nombre de services et personnels ont fait des efforts considérables ces dernières années pour absorber le manque de recrutements, et cela quels que soient les corps et les services. Ces baisses n'ont aucun sens économique, et l'appel aux externalisations est souvent synonyme de moindre qualité du service rendu et d'augmentation des dépenses. Elles ne sont qu'idéologiques, faisant écho à un monde de plus en plus replié sur lui, et où les missions de l’État seraient cantonnées à des secteurs prioritaires, le reste étant abandonné à la logique marchande de l'entreprise ». Le reste de ses revendications plus générales se résume à un appel au retrait de la loi El Khomri. L’appel à la grève – la 43e en sept ans selon Ryanair – a été immédiatement dénoncé par A4E (Airlines for Europe), association regroupant entre autres les groupes Air France-KLM, Lufthansa et IAG (British Airways, Iberia, Vueling, Aer Lingus) et les low cost easyJet, Ryanair et Norwegian ; elle exige de nouveau des limitations au droit de grève des contrôleurs aériens. « Les mouvements sociaux à répétition et disproportionnés organisés par les syndicats de contrôleurs aériens français impactent gravement les projets de voyage de milliers de passagers au cours de la période de Pâques », a expliqué son directeur général Thomas Reynaert, pour qui il est « inacceptable que les compagnies aériennes et leurs clients soient punis à intervalles réguliers par ces grèves injustifiées ». Il rappelle que les membres d’A4E ont vu l’année dernière plus de 10.000 vols affectés par 28 jours de grève des contrôleurs aériens européens, entraînant des perturbations pour des millions de passagers. Ryanair a de nouveau réitéré sa dénonciation du mouvement social « égoïste » des contrôleurs aériens français, Kenny Jacobs répétant qu’il est « temps pour la Commission européenne de protéger les intérêts des passagers tenus en otage à répétition par les syndicats français ».