Akbar Al Baker, CEO de Qatar Airways, a annoncé vendredi 3 juin qu’après plusieurs mois de retard concernant leur livraison, sa compagnie de Doha a invoqué une clause d’annulation pour son premier A320neo commandé.

C’est l’un des plus gros clients pour l’A320 remotorisé d’Airbus (80 exemplaires en commande selon son site Internet) et qui devait initialement être compagnie de lancement pour l’A320neo. Il aurait d’ailleurs dû recevoir son premier exemplaire à la fin de l’année dernière, mais  suite à des problèmes rencontrés sur les moteurs Pratt & Whitney, Qatar Airways a toujours refusé de réceptionner un premier exemplaire, alors qu’il aurait dû en posséder cinq à ce jour. Ce qui entraîne « un impact énorme sur les opérations », a souligné le CEO. L’inflexible dirigeant de Qatar Airways menace de même d’en annuler davantage si les termes des accords signés le lui permettent.

« Nous sommes en retard par rapport à ce que nous avions promis, en particulier pour les clients de lancement, Je comprends parfaitement pourquoi ces clients ne sont pas satisfaits », s’est expliqué Fabrice Brégier, patron d’Airbus, tout en refusant de discuter des questions contractuelles.

Airbus  travaille pourtant sur des améliorations aux A320neo pour répondre aux préoccupations au sujet de la performance du moteur. Une mise à jour du logiciel adressant des avertissements de défaut parasites a déjà été mis en place, rapporte l’avionneur. Une fois les correctifs du « hardware » validés, il compte livrer davantage d’avions A320neo.

air-journal_Lufthansa-2e-A320neo-taxiSept A320neo sont aujourd’hui en service : deux chez Lufthansa (devenue compagnie de lancement après le désistement de Qatar Airways), quatre chez IndiGo et un premier livré début juin à GoAir. Carsten Spohr PDG de Luthansa a d’ailleurs indiqué jeudi 2 juin qu’il avait accepté des compensations financières contre la réception de ses deux premiers A320neo, mais qu’il attendrait désormais que les bugs logiciels soient définitivement résolus et validés avant d’en recevoir de prochains.

Le motoriste Pratt & Whitney a de son côté offert une cinglante répartie publique (fait plutôt rare de la part d’un motoriste à un client de cette envergure) en qualifiant les propos de Akbar Al Baker « d’inexacts et (qui) dénaturent la performance du moteur ». « Le PW1100G-JM a été livré à trois compagnies aériennes, et il est en service sur deux continents » , a souligné Pratt & Whitney dans un communiqué. Il a été « pleinement certifié et ses performances répondent aux spécifications contractuelles, en délivrant une amélioration de 16% de l’efficience en carburant, de 50% des émissions polluantes, et de 75% de l’empreinte sonore tout en affichant un taux de fiabilité supérieur à 99% » .

Désormais, Pratt & Whitney continue de livrer des  réacteurs d’A320neo à Airbus dotés des derniers changements, mais le géant de l'aérospatiale européenne n'a pas encore fait d'essais en vol avec modifications, retardant leur installation finale. Selon M. Brégier, un « avion mâture » devrait arriver environ au milieu de cette année.

Rappelons qu’Airbus se bat sur plusieurs fronts en même temps, puisqu’en plus de l’A320neo,  l’A350 subit lui aussi des retards parce que certains composants de la cabine ne suivent pas le rythme de production.