Six bases de la compagnie aérienne low cost Ryanair en Allemagne ont fait l’objet de perquisitions, dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de fraude et sur les conditions d’emploi de pilotes notamment via les agences Brookfield Aviation et McGinley Aviation. Les aéroports de Francfort-Hahn, Cologne-Bonn, Düsseldorf-Weeze, Berlin-Schönefeld, Brême et Karlsruhe-Baden Baden, où la spécialiste irlandaise du vol pas cher a installé des bases, ont fait l’objet de perquisitions menées par des douaniers le 5 juillet 2016, ont annoncé hier les autorités judiciaires à Coblence. Les deux agences de recrutement britanniques sont soupçonnées de fraude fiscale et de dissimulation de revenus, tandis que des pilotes (dont deux domiciles ont également été perquisitionnés) seraient visés pour fraude aux cotisations sociales. Au moins 35 procureurs et fonctionnaires de la douane ont interrogés pendant plusieurs heures des pilotes et d’autres employés de Ryanair ; aucune mise en examen n’a été annoncée, mais de nombreux documents et ordinateurs auraient été saisis. Ryanair a confirmé être au courant des raids, affirmant qu’elle n’était « visée par aucune enquête fiscale » et qu’elle va coopérer avec la justice allemande. Dans un communiqué, la low cost rappelle qu’elle « exige de tous ses pilotes, employés directement ou par les agences, d’être en règle avec les lois fiscales » des pays où ils sont employés. La presse cite toutefois des procureurs selon qui c’est bien le système Ryanair qui est au cœur de l’enquête, et en particulier les gains fiscaux résultant du non-salariat des pilotes qui volent pour elle. Près de 1600 contrats équivalents au statut d’auto-entrepreneur français auraient été délivrés à des pilotes de Ryanair par les sociétés Brookfield Aviation (poursuivie en particulier par la sécurité sociale allemande) et McGinley Aviation, permettant à la compagnie de ne pas avoir à payer de cotisations sociales ou d’arrêts maladie. Le syndicat de pilotes Cockpit a déclaré hier à Die Zeit espérer que l’enquête en cours mettra fin à ce « modèle inéquitable de contrat de travail ». De son côté, le Ryanair Pilot Group a de nouveau mis en avant l’impact de ces contrats sur la santé des pilotes et donc la sécurité des vols ; la low cost a automatiquement rappelé que ce groupe « est composé de pilotes dont aucun ne vole pour Ryanair », et qu’elle n’a jamais connu d’accident.