Le groupe aérien Air France-KLM a publié hier des résultats financiers semestriels plutôt bons, avec un chiffre d’affaires en baisse mais un bénéfice opérationnel en hausse, la nette baisse de la recette unitaire dans un contexte de terrorisme en Europe et de surcapacités ne le laisse guère optimiste pour les mois à venir. Perte nette passée de 638 millions d’euros au premier semestre 2015 à 114 millions d’euros, résultat d’exploitation à 218 millions d’euros contre -238 millions d’euros à la même période l’année dernière (et même amélioration de 580 millions à données comparables, le tout sur un chiffre d’affaires en baisse de -2,6% : le groupe franco-néerlandais a présenté le 27 juillet 2016 un bilan plutôt bon des six premiers mois de l’année. Mais Air France-KLM note aussi un « contexte mondial en 2016 restant fortement incertain au regard de l’environnement géopolitique et économique (…), du prix du carburant, de la poursuite de la situation de surcapacité sur différents marchés, entraînant une pression accrue sur les recettes unitaires », et souligne une « préoccupation particulière sur la destination France ». Le deuxième trimestre était déjà moins bon que le premier, avec un chiffre d'affaires en baisse de 5,2% (-3,7% à données comparables), même si le résultat d'exploitation a progressé de 138 millions d'euros à 317 millions. Pour le groupe, l’attentat contre l’aéroport de Bruxelles fin mars et les surcapacités sont les principales raisons de la baisse de la recette unitaire (-5,6% au deuxième trimestre) : le directeur financier Pierre-François Riolacci note aussi la désaffection de la clientèle asiatique en général, en particulier celle des Japonais depuis l’attentat de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, puis celle des Chinois ces trois derniers mois (-50% sur les réservations de groupe). Si toute l’Europe est touchée, c’est particulièrement vrai pour la France, ajoute le dirigeant. De plus, si les coûts unitaires d’Air France-KLM ont baissé de -1,5% hors change et fuel (-2,7% pour le seul personnel avec 2000 EQP supprimés), « en avance sur l’objectif de -1,2% » selon M. Riolacci, et que le groupe continue de profiter des prix bas du carburant, les économies sur ce dernier poste ne sont conservées qu’à hauteur de 15% au deuxième trimestre (55% au premier) : le reste a disparu dans les pressions sur le prix du billet d’avion et les effets négatifs du change. Ces mêmes facteurs devraient au deuxième semestre « plus que compenser » les économies faites sur le carburant, alors que jusque là les prévisions n’étaient que « compenser ». L’avenir immédiat semble donc un peu plus sombre pour le groupe de l’alliance SkyTeam : les coefficients de réservation en juillet et aout déjà sont inférieurs à ceux de l’année dernière, le premier mois étant en partie compensé par la baisse du prix des billets. Pierre-François Riolacci, qui estime à 10% la baisse des réservations vers la France, rappelle d’ailleurs dans La Tribune qu’il est « facile de remplir des avions en baissant les prix », mais que le but du jeu reste de « le faire en préservant la recette ». De plus, la grève de sept jours des PNC d’Air France qui a débuté hier devrait coûter au groupe « plusieurs dizaines de millions d’euros », plus que les 40 millions perdus pour cause de grève des pilotes. Interrogé par Le Figaro, le nouveau PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac est revenu sur cette grève de PNC, un mouvement « extrêmement regrettable et agressif ». Des adjectifs mérités par « le choix de cette période de l'année qui est très importante économiquement pour Air France et symboliquement pour les vacances en famille de nos clients », parce qu’il « n'y a pas d'urgence, l'accord collectif des PNC s'achevant le 31 octobre », et enfin par « la disproportion entre les conséquences économiques, financières et d'image pour Air France et le différend autour de la seule durée du texte proposé ». Le dirigeant, qui a pris son poste le 4 juillet, en profite pour présenter aux passagers « les excuses du Groupe, et les assurer de la totale mobilisation des équipes pour limiter les désagréments ». Mais il prévient que la grève aura « un coût financier très élevé », et compliquera donc « le travail qui reste à faire pour placer la compagnie dans un cycle de croissance rentable », d'autant que le second semestre 2016 « s'annonce incertain voire volatile ». Mais Jean-Marc Janaillac avoue aussi qu’il y a « clairement un manque de confiance », les syndicats prêtant selon lui à la direction « des arrière-pensées ». « Pour qu'il y ait dialogue, il faut une confiance réciproque. Je consacrerai toute mon énergie dans les semaines et mois qui viennent à rétablir cette confiance », conclut-il.