La compagnie aérienne Royal Air Maroc devrait entrer dans le capital de l’ex Sénégal Airlines, une décision qui risque de faire grincer des dents à Dakar. Un de ses Boeing est d’autre part décoré d’une livrée issue du concours Wings of African Art. Décidée lors d’une visite du Roi Mohammed VI la semaine dernière au Sénégal, l’accélération des discussions entre la compagnie nationale marocaine et son ex homologue sénégalaise a pour but de mettre en place un partenariat mutuellement bénéfique, indique un communiqué commun des deux pays, et de « mobiliser » les deux compagnies pour coopérer « dans divers domaines opérationnels et techniques, notamment à travers la mise en place d’accords commerciaux ». Le texte insiste sur le fait que ce partenariat devra tenir compte « des intérêts réciproques, en capitalisant sur les expériences antérieures et en en tirant les enseignements ». Allusion à l’échec d’une précédente tentative en 200 : la RAM détenait 51% d’Air Sénégal International (ASI) et le Sénégal 49%, la discorde entre les deux actionnaires entrainant sa fermeture en 2009. La nouvelle compagnie nationale Sénégal Airlines était née de ses cendres avant de disparaître à son tour en avril dernier, faute d’avion puis de licence d’exploitation. Le ministère des transports sénégalais expliquait alors que « malgré le soutien permanent de l’État du Sénégal, la compagnie aérienne Sénégal Airlines n’a jamais pu atteindre les objectifs de développement qui lui étaient assignés dans sa Convention de Concession. Pour rappel, cette Convention lui garantissait l’usage exclusif des droits de trafic aérien détenus par le Sénégal ». L’ex Sénégal Airlines pourrait donc revoir le jour, sous l’appellation Air Sénégal– mais aucun détail n’a filtré, que ce soit sur les montants investis ou la répartition de l’actionnariat. Selon des sources citées par l’Observateur, « les droits de trafic du Sénégal peuvent représenter 80% du capital, sans compter les 40% mis sur la table par la Caisse des dépôts et consignations ». L’État ne doit pas accepter que la RAM devienne actionnaire majoritaire ». Avant de souligner que Royal Air Maroc dessert déjà l’aéroport de Dakar trois fois par jour ; le Sénégal devra donc veiller selon ces sources à établir clairement qu’Air Sénégal « sera une concurrente de la RAM ». Le même journal affirme que c’est le refus du président sénégalais Macky Sall de fermer les écoles « gulenistes » qui aurait fait capoter les discussions menées entre l’ex compagnie nationale et Turkish Airlines. Rappelons que le projet Air Sénégal entre dans le cadre du Plan Sénégal Emergent, incluant l’ouverture du nouvel aéroport Blaise Diagne à Dakar (pas avant décembre 2017) ou la modernisation des aéroports régionaux d’ici 2018 : de quoi faire passer le trafic du pays à 6 millions de passagers par an en 2020 et « 10 millions en 2035 », afin de faire du Sénégal un hub régional. Royal Air Maroc a d’autre part annoncé les trois vainqueurs du concours Wings of African Art, dont les œuvres décoreront le fuselage d’autant d’avions. Parmi dix artistes nominés, le jury présidé par Mehdi Qotbi président de la Fondation Nationale des Musées du Royaume du Maroc, « et composé par des artistes de renom, des critiques d’art et des professionnels reconnus sur la scène artistique internationale » a récompensé l’artiste plasticien Mboko Lagriffe, la designer Franco-Marocaine Sara Ouhaddou et le photographe Burkinabé Saidou Dicko. Lancée en septembre dernier par la RAM, cette compétition artistique a vu la participation d’une centaine d’artistes africains et marocains. Le vote du public a consacré (et confirmé) l’œuvre de Mboko Lagriffe. Les œuvres des trois artistes habilleront ainsi trois avions de la compagnie. Royal Air Maroc emmènera ainsi leurs œuvres d’art en voyage à travers le monde, sur un réseau desservant plus de 80 destinations en Europe, en Afrique, en Amérique du nord et en Amérique latine. Sur le tarmac « et depuis les baies vitrées des plus grands aéroports du monde, des millions de voyageurs pourront alors admirer ces œuvres révélées sur les fuselages des avions Royal Air Maroc ». Par ailleurs, les œuvres d’art réalisées par les 10 artistes nominés par le Comité de Sélection sont actuellement exposées au sein du Palais Dar El Bacha à Marrakech, ouvert gratuitement au public jusqu’à fin novembre. air-journal_royal-air-maroc-wings-of-african-art-2