La compagnie aérienne low cost Ryanair va recruter ses futurs pilotes allemands sous contrat irlandais, espérant ainsi se débarrasser de l’enquête allemande sur des soupçons de fraude fiscale et de dissimulation de revenus. Suite aux perquisitions menées en juillet dans six bases allemandes de la spécialiste irlandaise, elle a créé le mois dernier une nouvelle société à Dublin, nommée BlueSky Resources Ltd. Selon le quotidien Irish Times du 19 septembre 2016, cette société est gérée par CrewLink, bien connue pour mener à bien le recrutement et la formation des équipages de Ryanair : elle proposera des contrats de cinq ans aux futurs pilotes allemands, l’impôt sur le revenu étant retenu à la source. Les pilotes basés en Allemagne devront s’acquitter des taxes sociales, et le nouveau contrat remplacerait ceux proposés jusque là par les deux agences de recrutement britanniques Brookfield Aviation et McGinley Aviation. Le quotidien suggère que les autorités fiscales et Ryanair ont trouvé un accord sur le sujet, sans pour autant régler le problème des sommes non versées. Le syndicat Cockpit a sans surprise appelés les pilotes à refuser ces nouveaux contrats, expliquant qu’ils ne sont pas compatibles avec les lois européennes. Déjà en juillet, il dénonçait un « modèle inéquitable de contrat de travail » et appelait la justice allemande à faire le ménage dans les pratiques d’emploi de Ryanair. Les bases de Ryanair dans les aéroports de Francfort-Hahn, Cologne-Bonn, Düsseldorf-Weeze, Berlin-Schönefeld, Brême et Karlsruhe-Baden Baden avaient fait l’objet de perquisitions menées par des douaniers le 5 juillet 2016. Les dirigeants des deux agences de recrutement britanniques sont soupçonnés de fraude fiscale et de dissimulation de revenus, tandis qu’une centaine de pilotes (dont deux domiciles ont également été perquisitionnés) seraient visés pour fraude aux cotisations sociales. Aucune mise en examen n’avait été annoncée, mais de nombreux documents et ordinateurs auraient été saisis. Ryanair avait confirmé être au courant des raids, affirmant qu’elle n’était « visée par aucune enquête fiscale » et qu’elle allait coopérer avec la justice allemande. Dans un communiqué, la low cost rappelait alors qu’elle « exige de tous ses pilotes, employés directement ou par les agences, d’être en règle avec les lois fiscales » des pays où ils sont employés. La pertinence d’un contrat équivalent à celui d’auto-entrepreneur en France pour des personnes ne travaillant que pour une seule compagnie est au cœur de l’enquête allemande. Près de 1600 contrats de ce type auraient été délivrés à des pilotes de Ryanair par Brookfield Aviation (poursuivie en particulier par la sécurité sociale allemande) et McGinley Aviation, permettant à la compagnie de ne pas avoir à payer de cotisations sociales ou d’arrêts maladie.