Comme en novembre dernier, la France a demandé l’accélération de la mise en place du fichier de données des passagers PNR suite aux attentats de Bruxelles qui ont fait au moins 31 morts mardi. De fausses alertes à la bombe ont eu lieu hier dans les aéroports de Toulouse, Montpellier, Atlanta… Aucun des terroristes responsable de l’attentat à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem le 22 mars 2015 n’aurait pu être arrêté sur place grâce au PNR puisqu’ils n’avaient franchi aucun contrôle de sécurité. Mais  le Premier ministre français Manuel Valls a redit hier au Parlement qu’il était « temps d’adopter » la directive européenne API/PNR (Advanced Passenger Information-Passenger Name Record), qui impose aux états de stocker des informations personnelles des utilisateurs du transport aérien afin de renforcer la sûreté et la sécurité. « Nous avons assez perdu de temps sur cette question », a-t-il ajouté ; une position reprise plus tard par son ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, pour qui « ne pas nous doter de cet outil, c’est nous priver de la possibilité d’être efficace dans la lutte contre le terrorisme. Même si je comprends la préoccupation sur la protection des données personnelles, il faut prendre nos responsabilités ». La base de données de fichiers PNR (qui inclut des détails tels que le nom et le ou les prénoms du passager, mais aussi son trajet, le mode de paiement, le poids des bagages, le choix du repas, le nom des contacts etc.) est en service dans l’hexagone depuis le 21 septembre 2015, chez des compagnies aériennes pilotes dont Air France mais aussi chez les tour-opérateurs et les opérateurs de vols charters. Le PNR « va assister et simplifier la vie et le travail des autorités de surveillance. Nous allons industrialiser ce qu'elles font aujourd'hui de manière artisanale », explique Julien Coudray, chargé de mission PNR à la direction générale des Douanes, à Tour Mag. Le système ne devrait pas être totalement opérationnel avant 2017, mais permettra dans quelques semaines de premières interrogations. La France souhaite que les 230 compagnies aériennes qui utilisent les aéroports français transmettent les informations relatives aux passagers au plus vite. Le Parlement européen aurait dû adopter la directive début janvier, mais a repoussé ce vote à avril afin qu’il coïncide avec celui sur la protection des données. Tour Mag rappelle que selon le texte actuel, les données seront conservées 5 ans, mais masquées au bout de six mois. Les autorités qui souhaiteraient en savoir plus sur l'historique de voyage d'un passager devront faire une demande de démasquage à l'UIP (Unité Informations Passagers), une structure interministérielle partagée entre les ministères des Finances, des Transports, de la Défense et de l'Intérieur. La France et plusieurs pays européens ont déjà commencé à travailler à la construction de cet UIP, qui centralisera toutes les données et pourra communiquer avec ceux des autres pays. Le même Julien Coudray expliquait en novembre dans l’Usine Nouvelle que ces données « permettent de faire du ciblage aérien. Elles peuvent être très intéressantes pour les services de renseignement ou des douanes pour lutter contre le terrorisme, la fraude et les grands trafics internationaux ». Il soulignait aussi que suite aux attentats terroristes du 13 novembre à Paris, « il y a une urgence opérationnelle encore plus forte à mettre en place ce type de systèmes ». Et rappelle que la base de données PNR, qui peut initialement traiter les informations de 200 millions de passagers, est accessible par la DGAC bien sûr, par le service des Douanes, les Directions générales de la police et de la gendarmerie nationales, la Direction générale de la sécurité intérieure et la DGSE ; les ministères du Transport, de l’Economie, de l’Intérieur et de la Défense sont donc concernés. Les données PNR peuvent particulier être comparées à d’autres fichiers comme celui des personnes recherchées, où figurent les informations en particulier sur les fameuses fiches S. Un détail rappelé par M. Coudray : ce système PNR ne couvre initialement que les vols entre ou sortant de l’espace européen, plus les liaisons avec les DOM. La « couverture » des vols intra-communautaires n’est prévue qu’en 2017, et les vols d’affaires ne sont toujours pas concernés. Alors que des évacuations ont été menées hier entre autres dans les aéroports de Toulouse, Montpellier ou Atlanta aux Etats-Unis, le ministre de l’intérieur français en visite à Roissy a rappelé que 1600 policiers supplémentaires ont été déployés pour renforcer les 120.000 forces de l’ordre mobilisées depuis les attentats de novembre 2015. air-journal_Toulouse aeroport securite2 air-journal_Paris CDG aeroport securite chien@DGPN