Airbus a confirmé avoir demandé 700 millions de dollars de dédommagement à la compagnie aérienne low cost Skymark Airlines, poursuivie à Tokyo pour rupture de contrat après avoir été contrainte à renoncer à sa commande de six A380. Le montant des indemnités réclamées par l’avionneur européen circulait depuis longtemps, mais il a fallu attendre ce 19 mars 2015 pour le voir confirmer par Airbus : la plainte a été officiellement déposée hier devant un tribunal de Tokyo, le chiffre de 700 millions de dollars en étant le seul détail révélé. Skymark Airlines s’était placée en janvier sous la protection de la loi sur les faillites, avec une dette de 605 millions de dollars ; en attendant de dénicher un éventuel sauveteur ou repreneur, elle peut donc échapper à ses créanciers – dont Airbus. Le dépôt de bilan, accompagné par la démission de son fondateur et PDG Shinichi Nishikubo et le retrait de ses actions de la Bourse de Tokyo, avait été justifié par la chute du yen et l’augmentation des coûts plus bien sûr, la croissance de Japan Airlines et All Nippon Airways (ANA), mais surtout l’arrivée de concurrentes low cost adossées à des groupes solides : AirAsia Japan et Jetstar Japan d’un côté, et Peach Aviation (ANA) ou Vanilla Air (ANA) de l’autre. Les quelques 2275 employés devraient tous conserver leur poste, avait assuré le président Takashi Ide. Mais c’est surtout Airbus qui était montré du doigt par Skymark Airlines en raison des indemnités réclamées, suite à l’annulation par l’avionneur de sa commande de six A380 pour défaut de paiement en juillet dernier. Le premier de ces superjumbos avait effectué son vol inaugural en avril 2014, mais les livraisons avaient été reportées par la low cost avant l’annulation de la commande. L’A380 devait être configuré avec 114 places en classe Affaires sur le pont supérieur et 280 en Premium sur le pont inférieur, soit un total de 394 places qui battrait le record « d’espace » détenu par Korean Air (407), bien loin des 516 d’Air France ou des 526 de Lufthansa. La loi de « réhabilitation civile » permet à Skymark Airlines de continuer ses opérations tout en menant à bien sa restructuration, sous la direction désormais de son directeur financier Masakazu Arimori. Elle doit présenter on plan de restructuration d’ici le 29 mai prochain à Tokyo. ANA Holdings a annoncé en février qu’elle rejoignait un groupe d’entreprises souhaitant participer au plan de sauvetage que la low cost est en train de mettre au point avec l’aide du fonds d’investissement Integral. La presse japonaise fourmille de rumeurs sur les autres acteurs de ce plan, citant par exemple la société de leasing Oris ou le géant du voyage H.I.S. ; ils seraient actuellement une vingtaine à avoir déclaré leurs intentions. On rappellera que les 36 créneaux de vol de Skymark Airlines à l’aéroport de Tokyo-Haneda sont l’objet de bien des convoitises ; la low cost a déjà dû se résoudre à fermer sa base à l’aéroport Narita. En ce qui concerne la flotte, Skymark Airlines a abandonné les vols en Airbus A330-300, tous pris en leasing et dont elle était le premier opérateur au Japon (5 en service, 10 attendus). Raison invoquée  : les faibles taux d’occupation des avions configurés pour accueillir 271 passagers en une unique classe Premium, les rangées de sièges Green Seat (22 pouces de large en 2+3+2) étant espacées de 38 pouces. Ses 27 Boeing 737-800 (177 places) sont désormais le type unique opéré par la low cost.