Le PDG du groupe aérien Air France-KLM Jean-Marc Janaillac a qualifié de « totalement inacceptable » la décision d’imposer dès 2017 une taxe sur les billets d’avion pour financer le projet de ligne ferroviaire CDG Express entre l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle et la capitale. Dans une lettre adressée au Premier ministre français le 25 aout 2016, le dirigeant du groupe explique qu’il est « inacceptable que la construction du CDG Express génère une charge supplémentaire pour Air France dès 2017 et jusqu'à sa mise en service », prévue en 2023. Jean-Marc Janaillac précise qu’Air France est favorable au projet, mais tout-à-fait « réticente » à l'idée de garantir via une taxe sur les billets d'avion « la rentabilité financière d'un projet porté par d'autres opérateurs ». Ce nouveau prélèvement « alourdirait encore plus les charges déjà élevées qui pèsent sur la compétitivité du transport aérien français », ajoute le dirigeant, selon qui « les personnels d'Air France et leurs représentants, ne comprendraient pas une telle décision, alors qu'ils ont le sentiment de consentir d'importants efforts depuis plusieurs années ». Dans un contexte social dont Manuel Valls doit « connaître la sensibilité », l'annonce d'une taxe supplémentaire de cette nature « mettrait en grave péril le travail que j'ai entrepris depuis moins de deux mois pour bâtir un projet stratégique crédible », conclut le président qui est en poste depuis le 4 juillet dernier. Air France estime qu'elle subirait un coût additionnel de 17 millions d'euros par an dès 2017. Les Echos ont annoncé hier que le gouvernement envisage dès l’année prochaine une « taxe d’un montant proche 1 euro » qui serait prélevées sur les billets au départ comme à l’arrivée de Roissy, et rapporterait chaque année entre 35 et 40 millions d’euros. Le but de cette mise en place rapide serait de convaincre les banques de financer le chantier, afin qu’il ne souffre d’aucun retard – surtout si les Jeux Olympiques 2024 sont attribués à Paris. En plus du ticket à 24 euros, l’idée d’une contribution des passagers au financement de la ligne CDG Express, qui reliera la Gare de l’Est à Roissy avec un budget approchant 1,7 milliards d’euros, avait été évoquée dès 2013. La construction à elle seule coûtera 1,4 milliard d’euros, le reste allant au matériel roulant. Rappelons que la ligne de 32 kilomètres devrait rejoindre l’actuelle ligne du RER B entre Aulnay et Mitry-Claye, puis irait directement vers la gare RER de Roissy, le tout en quinze à vingt minutes – avec un train toutes les 15 minutes entre 5 heures du matin et minuit. La FNAM a de nouveau exprimé hier son souhait de garantir l’équilibre économique du projet CDG Express en recherchant « des sources de financement qui ne pénalisent pas les passagers de l’aérien », et d’associer les opérateurs aériens « et notamment Air France » au cahier des charges de l’opérateur de CDG Express. La Fédération Nationale de l’Aviation Marchande, qui représente 95% du secteur du transport aérien français, expliquait en juillet dans sa contribution à l’enquête publique que « les passagers aériens n’étant pas disposés à payer plus cher, cette taxe portera de fait sur les compagnies aériennes, sous forme de charges additionnelles, et sera en contradiction avec la recherche d’une meilleure compétitivité de la plate-forme. Elle serait également un mauvais signal sur le plan social au regard du soutien de l’état dans la défense de la compétitivité des compagnies nationales. En cas de dérive de planning et/ou de budget, on peut craindre que la seule variable d’ajustement repose sur le montant de la taxe passager ».