Le Tribunal de Bobigny devrait lundi renvoyer au printemps 2016 le procès pour violences aggravées des cinq salariés de la compagnie aérienne Air France impliqués dans les incidents autour du CCE début octobre. Treize syndicats appellent toutefois à une mobilisation devant le tribunal et le siège de la compagnie, pour exiger l’arrêt immédiat des poursuites. Une « audience de fixation » se tiendra le 2 décembre 2015 au Tribunal de Bobigny pour déterminer la date du procès des salariés inculpés, certains journaux évoquant le mois de mai 2016. Après les violences qui avaient entouré le Comité d’entreprise extraordinaire (CCE) du 5 octobre, cinq salariés, principalement de la branche Air France Cargo, sont poursuivis et ont en outre été licenciés sans indemnité ni préavis (l’un d’eux faisant toutefois l’objet d’une procédure spéciale en raison de son statut de représentant du personnel). Rappelons que onze autres salariés ayant participé à l’enfoncement du portail d’accès font l’objet d’une mise à pied sans solde de 15 jours. Une intersyndicale a appelé hier à la mobilisation le 2 décembre devant le tribunal, puis le lendemain au siège de la compagnie, en soutien aux salariés d’Air France qui « sont les victimes de la politique antisociale de nos dirigeants, qui se servent de cet évènement pour criminaliser toute contestation dans notre entreprise ». Pour les treize syndicats signataires, «  tandis que les évènements dramatiques et l’état d’urgence dans notre pays monopolisent légitimement les médias et détournent ainsi l’attention de la situation à Air France », la direction « n’infléchit pas sa politique sociale » et « poursuit sans ralentir son cheminement destructeur, sans modifier son cap, en effaçant de plus en plus la notion d’humanité dans sa gestion et en faisant passer bien d’autres intérêts avant celui des salariés ». Le texte explique que « la tragédie du 13 novembre devrait amener à reconsidérer l’échelle des valeurs et à replacer l’humain - et non le profit ou le dogme - au centre de ses préoccupations ». Et si certains pourraient se sentir rassurés quand la direction promet de minimiser l’impact des départs par le biais de PDV, les syndicats affirment qu’il faut au contraire « être conscient, non seulement qu’après 5 PDV successifs, le vivier de volontaires est en réalité presque épuisé mais surtout que cette politique de décroissance n’aura pas de fin ». Certains de ces syndicats appellent déjà à des grèves le 2 décembre. Rappelons qu’un millier de postes seront supprimés dès l’année prochaine, au nom des gains de productivité espérés par Perform 2020. Fin octobre, le PDG d’Air France Frédéric Gagey déclarait qu’il souhaitait trouver des accords avec les syndicats de toutes les catégories professionnelles d’ici le début 2016, et avait « clairement réaffirmé la préférence » pour un retour aux négociations en 2017, deuxième année du Plan B dont l’impact pourrait atteindre 2900 suppressions de postes.