La fuite d’une ébauche du rapport d’enquête sur le crash d’un avion de la compagnie aérienne US-Bangla en mars dernier, qui avait fait 51 morts, décrit un commandant de bord fumant à la chaine, pleurant et se disputant avec la copilote avant de rater l’atterrissage à Katmandou.

Le Bombardier Dash-8 Q400 de la compagnie bangladaise, immatriculé S2-AGU et opérant le vol BS211, était parti de sa base à Dhaka le 12 mars 2018 avec 71 personnes à bord, et se préparait à atterrir à l’aéroport de Kathmandu-Tribhuvan sous un orage. Sa première approche a été avortée, puis selon les échanges radio l’équipage a reçu le feu vert du contrôle aérien pour se poser sur la piste 20 ; mais le pilote a répété qu’il était prêt à se poser sur la piste 02 – ce qu’un contrôleur a confirmé. Selon des témoins au sol, l’avion aurait brusquement viré puis aurait survolé deux appareils au sol, « frôlé » la tour de contrôle avant de heurter la piste. Le Q400 avait glissé sur environ 300 mètres avant de s’immobiliser sur un terrain de football et s’embraser. Parmi les 71 personnes à bord du vol BS211 se trouvaient 37 Bangladais, 32 Népalais, un Chinois et un ressortissant des Maldives. Le pilote Abid Sultan et la copilote Prithula Rashid sont décédés à l’hôpital.

Publié par le Kathmandu Post le 27 aout 2018, un brouillon du rapport d’enquête officiellement attendu à la fin de l’année semble faire peser la responsabilité de l’accident sur les deux pilotes, et surtout le commandant de bord. Abid Sultan y est décrit comme souffrant « d’un stress mental et d’une anxiété extrêmes », pleurant et fumant dans le cockpit durant toute la durée du vol, et se disputant constamment avec sa copilote qui tentait de le consoler. Un stress apparemment causé par une autre copilote qui aurait remis en question ses capacités de pilote-instructeur, provoquant son désir de quitter la compagnie aérienne – mais de travailler trois mois de plus pour terminer les formations en cours. « Il semblait fatigué à cause d’un manque de sommeil », auraient aussi écrit les enquêteurs.

Toujours selon ce document, le CVR enregistrant les conversations du cockpit a entendu l’homme insulter sa collègue, et 6 minutes avant l’atterrissage il annonce au contrôle aérien que le train est sorti – ce que la copilote n’a pas confirmé lors de la check list finale. A suivi la mésentente entre le commandant de bord « totalement désorienté » et la tour de contrôle sur la piste à utiliser, dont la responsabilité n’est pas claire de l’aveu même du directeur de l’aéroport, et le crash.

US-Bangla Airlines n’a pas commenté les révélations du Kathmandu Post sur ce qui était la pire catastrophe aérienne en 26 ans au Népal.