La Belgique a décidé de fermer son espace aérien à tous les Boeing 737 MAX jusqu’à la fin de l’année, tandis que leur plus gros opérateur la low cost Southwest Airlines prévoit déjà de reporter après le 1er octobre leur retour dans les airs. Un incident bizarre est survenu au premier 787-9 Dreamliner de la compagnie aérienne Turkish Airlines : un projecteur trop proche a fait fondre un hublot. De quoi éclipser l’annonce du sixième EcoDemonstrator de l’avionneur américain, un 777.

La décision du régulateur de l’aviation civile belge Skeyes de fermer son espace aérien aux deux types de monocouloirs remotorisés jusqu’au 30 décembre 2019 à 23h59 est plus une question de facilité administrative que de sécurité : elle permet de ne plus émettre de nouvelle NOTAM jusqu’à la nouvelle certification du 737 MAX, au lieu d’une à chaque nouvel élément venu d’outre-Atlantique sur la mise au point du système MCAS anti-décrochage, impliqué dans les crashes de Lion Air et Ethiopian Airlines qui ont fait 346 victimes en cinq mois. La NOTAM A2252/19 (notice to airmen) du 28 juin précise que les vols de convoyage et de test restent permis aux 737 MAX 8 et MAX 9 dans le ciel belge, sous condition. Un porte-parole de TUI (la seule compagnie locale à avoir mis en service des MAX est TUI Fly Belgium, avec quatre MAX 8) a précisé à la RTBF avoir « une capacité suffisante pour l’été. En hiver, les vols étant moins nombreux, nous pouvons nous passer des 737 MAX ».

Southwest Airlines, qui avait pour la ixième fois depuis le printemps reporté le retour dans les airs de ses 34 MAX 8 (sur 280 commandés, plus trente MAX 7), au 1er octobre, ne semble même plus croire à cette date : « Je suis sûr que cela nous obligera à supprimer le MAX du programme de vols après le 1er octobre », a déclaré le CEO Gary Kelly dans un memo aux employés. La low cost doit aussi étudier « quelles autres modifications pourraient être nécessaires pour nos plans cette année, parce que cela va évidemment bien au-delà de ce que j’avais espéré ». Southwest Airlines avait reporté la remise en service de ses MAX à début octobre « avant la découverte » d’un nouveau bug dans les ordinateurs de vol des monocouloirs remotorisés.

L’incident survenu dimanche au nouveau 787-9 Dreamliner de Turkish Airlines n’a rien à voir avec Boeing : lors d’un tournage promotionnel, un projecteur utilisé pour les effets visuels dans la cabine a été placé trop près d’un hublot, qui a fini par fondre en partie. Livré mercredi dernier, le nouvel appareil doit entrer en service le 8 juillet entre Istanbul et l’aéroport d’Antalya, à raison de deux rotations quotidiennes ; l’incident ne devrait pas avoir de répercussion sur l’évènement. Configuré pour accueillir 30 passagers en classe Affaires (en 1+2+1) et 270 en Economie (en 3+3+3, 300 sièges au total), le premier des 25 Dreamliner attendus par Turkish Airlines doit ensuite effectuer son premier vol international le 17 juillet lors de l’inauguration de la nouvelle route vers Denpasar-Ngurah Rai à Bali, sa deuxième destination en Indonésie après Jakarta.

Boeing : Belgique fermée, hublot fondu et EcoDemonstrator 1 Air Journal

Boeing : Belgique fermée, hublot fondu et EcoDemonstrator 2 Air JournalBoeing de son côté a dévoilé hier à Victorville son sixième ecoDemonstrator, un 777-200, et le lancement de la nouvelle campagne d’essais en vol dont l’objectif est d’évaluer « de nouvelles technologies conçues pour relever certains défis rencontrés par les compagnies aériennes, les exploitants et les passagers dans des domaines tels que l’amélioration de la sécurité, la durabilité ou l’expérience de vol ». Dans cette optique, une cinquantaine de projets seront testés à bord d’un Boeing 777 configuré en tant que banc d’essais volant 2019. Les principales technologies testées dans le cadre du programme ecoDemonstrator 2019 sont les suivantes :

  • partage d’informations numériques entre le système de contrôle du trafic aérien, le poste de pilotage et le centre des opérations d’une compagnie aérienne afin d’optimiser la sécurité et l’efficacité du routage ;
  • une application intégrée à la sacoche de vol électronique (EFB — Electronic Flight Bag), qui utilise des moyens de communications de nouvelle génération pour transmettre des informations de reroutage automatiquement aux pilotes lorsque les conditions météorologiques l’exigent ;
  • des technologies connectées en cabine, qui rendent les aménagements de bord (cuisines et toilettes) intelligents et permettent de surveiller les conditions d’environnement à bord de l’appareil (température et humidité) dans le but d’automatiser les réglages ;
  • des caméras, pour permettre à un plus grand nombre de passagers de visualiser l’environnement à l’extérieur de l’avion.

Dans le cadre de cette nouvelle série d’essais à bord de l’ecoDemonstrator, « nous allons examiner comment les membres d’équipage et les passagers peuvent vivre une meilleure expérience en cabine, et comment ces technologies peuvent rendre les vols à la fois plus sûrs, plus efficients et plus agréables », a déclaré dans un communiqué Mike Sinnett, vice-président en charge de la stratégie produits et du développement des futurs avions au sein de la division Aviation Commerciale de Boeing (BCA). « Le banc d’essais volant installé à bord de ce Triple 7 nous permettra de tirer des enseignements plus rapidement en vue d’appliquer des améliorations avec une vélocité accrue et en définissant leur valeur avec une plus grande fidélité », a-t-il ajouté.

Le programme ecoDemonstrator de Boeing a démarré en 2012. Cinq avions — un Boeing 737-800, un Boeing 787-8 Dreamliner, un Boeing 757, un Embraer E170 et un Boeing 777 Cargo — ont ainsi testé 112 technologies jusqu’en 2018. Plus d’un tiers de ces technologies ont par la suite été mises en œuvre par Boeing ou des partenaires du programme. Près de la moitié d’entre elles sont encore en phase de développement, tandis que les essais concernant d’autres projets ont été abandonnés une fois les principaux enseignements tirés. Parmi les technologies actuellement exploitées, citons les applications pour iPad qui fournissent aux pilotes des informations en temps réel permettant d’abaisser la consommation de carburant et le niveau d’émissions de leur appareil ; des informations personnalisées concernant les trajectoires d’approche en vue de réduire le niveau de bruit au bénéfice des collectivités concernées ; et un système de caméra qui aidera les pilotes du Boeing 777X à éviter les obstacles au sol.

La collaboration menée avec des partenaires industriels dans le but de tester conjointement des technologies et de partager des enseignements qui font progresser l’industrie aéronautique constitue un élément-clé du programme ecoDemonstrator. Plus d’une douzaine de partenaires prennent ainsi part à l’édition 2019 de ce programme, parmi lesquels un consortium industriel qui élabore un standard de connectivité destiné à la cabine intelligente du futur, l’iCabin. Des essais en vol auront lieu à l’automne, avec notamment un vol en direction de l’aéroport de Francfort (Allemagne), où la mission technologique de l’ecoDemonstrator sera présentée à des membres du gouvernement, des représentants de l’industrie et des étudiants en sciences technologiques et scientifiques (disciplines STIM) afin d’inspirer les leaders de l’industrie aéronautique de demain. Les vols d’essai utiliseront en majorité des carburants aéronautiques durables pour réduire les émissions de dioxyde de carbone et en démontrer la viabilité.

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