Clouée au sol depuis la fin mars en raison de la pandémie de Covid-19, la compagnie aérienne Corsair International compte toujours reprendre ses opérations à la mi-juin au départ de l’aéroport de Paris-Orly. Mais ce sera sans prêt garanti par l’Etat, aux conditions trop restrictives, et sans les derniers Boeing 747-400 qui seront revendus.

Tous les avions de la compagnie française sont cloués au sol depuis le mois dernier, a rappelé lundi son PDG Pascal de Izaguirre sur BFM TV, mais il espère relancer partiellement les vols dès le 12 juin 2020 au départ de sa base à l’aéroport de Paris-Orly. Une date qu’ADP n’est pas prêt à officialiser, ayant fermé la deuxième plateforme parisienne depuis trois semaines pour une durée indéterminée. Corsair devrait initialement relancer des vols vers la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion, a indiqué son dirigeant qui s’attend cependant à un été « très dégradé » – alors que les deux mois d’été sont les plus importants pour ses résultats financiers.

Les autres lignes de Corsair reprendraient selon le calendrier suivant : vers Abidjan le 23 juin, vers l’île Maurice le 25 juin, et vers Montréal le 3 juillet. Pour la ligne Paris – Miami, « nous suivons la situation aux Etats-Unis de près et attendons une clarification des autorités ». Toutes les mesures commerciales sont détaillées ici.

Ce possible retour dans les airs se fera en tout cas sans 747-400, a confirmé Corsair : comme indiqué en février dernier dans le cadre du renouvellement de la flotte, le principe était déjà acté, le premier Jumbo Jet devant sortir de flotte en décembre prochain et les deux derniers en mai 2021. Mais le départ des F-HSEA, F-HSUN et F-GTUI a été anticipé, et les appareils de 521 sièges (12 en classe Affaires, 18 en Premium et 491 en Economie) ne revoleront donc plus sous ses couleurs ; Corsair aurait déjà reçu des offres « intéressantes » sur le marché de l’occasion. Frédérick Vandentorren, MCC and outstations manager, a déclaré sur les réseaux sociaux : « Aujourd’hui, je suis un peu triste que sa sortie de notre flotte se fasse par la petite porte mais il faut se projeter dans l’avenir et l’avenir se construira sans les 747. Une page se tourne! ».

Corsair redémarrera donc les opérations avec cinq Airbus, un A330-200 de 302 sièges et quatre A300-300 de 352 et 298 sièges. Elle a confirmé devoir prendre livraison en aout du premier des cinq A330-900neo commandés, même si le ralentissement de la production Airbus et la lenteur attendue de la reprise du trafic aérien pourraient déboucher sur un report.

Côté finances, le PDG de Corsair a indiqué n’être pas opposé au principe d’une participation de l’Etat, d’autant que la situation de la compagnie lui interdit l’accès aux prêts garantis : elle n’a pas de dettes mais ses fonds propres sont inférieurs à 50% du capital social. Des critères « trop restrictifs » : « nous serions très heureux d’accueillir l’Etat au capital », a-t-il déclaré, et à terme « nous aurons besoin de renforcer nos capitaux propres ». Un an après la prise de participation majoritaire d’INTRO Aviation et le projet de développement initié par son nouvel actionnaire, Corsair aura besoin de trésorerie : « nous n’avons plus aucune recette, les réservations sont inexistante », souligne Pascal de Izaguirre, alors que la reprise des vols entrainera de nouvelles dépenses. Et les banques ne donnent « pas de réponse positive ».  

Si le PDG a le sentiment que « l’Etat n’envisage pas d’aider tout le transport aérien », il semble croire à un assouplissement des critères de prêt garanti – et surtout à ce que le « soutien massif » promis à Air France sera étendu à l’ensemble du secteur, « pour éviter une distorsion de concurrence évidente ».

Corsair : en juin à Orly mais sans aide ni 747 1 Air Journal

©Olivier Cabaret