Les Etats-Unis vont après l’Union européenne et le Canada interdire leur espace aérien aux compagnies aériennes russes, Alaska Airlines ayant mis fin à ses accords avec S7 Airlines et Aeroflot. De leur côté, Boeing annonce la suspension de ses opérations à Moscou, TUI Group s’explique sur la présence d’un oligarque russe dans son actionnariat, et Wizz Air offre des billets gratuits aux réfugiés ukrainiens.

L’invasion de l’Ukraine a eu le 1er mars 2022 ses premières conséquences pour le transport aérien commercial aux USA : le président Joe Biden a annoncé lors de son discours de l’Union la fermeture de l’espace aérien aux compagnies aériennes russes. « Nous nous joindrons à nos alliés pour fermer l’espace aérien américain à tous les vols russes, isolant davantage la Russie et pesant davantage sur son économie », a-t-il déclaré. Seule Aeroflot dessert le pays, avec des vols à destination des aéroports de New York-JFK, Washington, Miami et Los Angeles. L’UE et le Canada avaient dès dimanche mis en œuvre cette fermeture de leurs espaces aériens respectifs aux transporteurs russes, Moscou répliquant avec l’interdiction de son ciel à 36 pays.

L’éventuelle réaction russe à la décision américaine avait été anticipée hier par United Airlines, dont le vol UA802 entre Delhi et Newark a évité le survol du Kazakhstan, de la Russie et de la Scandinavie au profit d’une route passant bien plus au sud par l’Azerbaïdjan et l’Europe occidentale. Elle a suspendu cette route ainsi que les vols UA830 entre Mumbai et sa base new-yorkaise, le temps d’étudier leurs futurs plans de vol. American Airlines, Delta Air Lines mais aussi UPS avaient déjà annoncé que leurs avions évitent l’espace aérien russe.

Alaska Airlines a de son côté annoncé la rupture de ses partenariats avec les compagnies russes. « Nous sommes profondément préoccupés par la crise humanitaire qui sévit en Ukraine », explique son communiqué ;  en conséquence, « nous suspendons temporairement notre partenariat » avec S7 Airlines, également membre de Oneworld. Depuis mardi, les clients de la compagnie américaine « ne pourront plus gagner de miles sur S7. Notre travail en cours pour permettre l’utilisation des miles sur S7 s’arrêtera également ». Elle a également suspendu ses relations interlignes « limitées » avec S7 et Aeroflot, accords qui permettent « aux passagers d’une compagnie aérienne d’obtenir un billet sur une compagnie aérienne concurrente pour divers problèmes, tels que le mauvais temps ». Aucune compagnie russe ne partage ses codes avec des transporteurs américains.

Côté industriel, alors qu’Airbus annonçait jeudi dernier vouloir se conformer « à toutes les sanctions et à toutes les lois applicables dès qu’elles seront en vigueur » suite à l’annonce du Conseil européen d’interdire l’exportation vers la Russie des avions, pièces et équipements de l’industrie aéronautique et spatiale, Boeing a finalement réagi hier : un court communiqué annonçait hier « la suspension des services de pièces, de maintenance et de support technique pour les compagnies aériennes russes ». La société suspendra également les « opérations majeures » dans ses bureaux de Moscou, où sont effectués « une quantité importante de travaux de soutien et de conception de la flotte ». « Alors que le conflit se poursuit, nos équipes se concentrent sur la sécurité de nos coéquipiers dans la région », a souligné Boeing, dont les bureaux de Kiev sont également « temporairement » fermés.

Côté européen, peu de nouveautés hier : le CEO du groupe TUI a cependant expliqué dans un message interne que « la question de savoir comment la guerre affectera nos affaires n’est certainement pas la première priorité, mais bien sûr, la question est légitime et importante pour nous. Nous-mêmes ne sommes plus représentés auprès d’entreprises en Russie et en Ukraine. Comme vous le savez, nous avons vendu il y a quelque temps nos participations dans les voyagistes en Russie et en Ukraine. Cependant, afin d’assurer la sécurité de nos clients, nous procéderons ou avons déjà procédé à des ajustements dans certains domaines, tels que les itinéraires de vol et les destinations de croisière ».

« Certains d’entre vous m’ont également posé des questions sur notre plus grand actionnaire unique, [l’oligarque russe] Alexey Mordashov, et sur notre position avec lui. M. Mordashov est actionnaire de TUI depuis environ 15 ans et détient environ un tiers de notre société depuis qu’il l’a soutenue pendant la crise du coronavirus. Les deux tiers de nos actionnaires viennent d’Allemagne, de l’UE, du Royaume-Uni, des États-Unis ou sont des fonds d’investissement. M. Mordashov est également l’un des 20 représentants au Conseil de surveillance élus par les actionnaires lors de l’Assemblée générale annuelle. Cependant, notre société est dirigée par le Directoire, comme toute société anonyme allemande, et non par les actionnaires ou le Conseil de Surveillance. Nous supposons donc que toute restriction ou sanction à l’encontre de M. Mordashov n’aura pas de conséquences négatives durables pour nous en tant qu’entreprise ».

Selon le dirigeant du groupe TUI, « les jours et les semaines à venir montreront comment les relations entre la Russie et l’UE continueront à se développer – et comment la coopération économique entre la Russie et l’Occident se développera à l’avenir. La solution n’est pas entre nos mains. C’est le temps des gouvernements et de la communauté des États. Une chose est claire : nous serons fidèles à nos valeurs et afficherons notre position. Comme presque aucun autre secteur, le tourisme est synonyme de compréhension internationale et d’échange pacifique au-delà des frontières et des cultures – nous nous y sentons particulièrement attachés ».

La compagnie aérienne low cost Wizz Air a de con côté annoncé qu’elle « soutiendra les réfugiés ukrainiens pendant tout le mois de mars en leur offrant – sous réserve de disponibilité – 100.000 places gratuites sur tous les vols d’Europe continentale au départ des pays frontaliers de l’Ukraine (Pologne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie). Wizz Air s’engage à aider les réfugiés à atteindre leur destination finale, « où qu’elle se trouve », et a déjà ajouté des avions plus gros et des vols supplémentaires depuis les pays frontaliers vers l’Europe « pour aider à soutenir le mouvement des réfugiés si nécessaire ». Le nombre de billets indiqué au prix de 0 EUR inclut un bagage à main (max : 40 x 30 x 20 cm), les sacs à roulettes et chaque bagage enregistré restant soumis à des frais supplémentaires. Le prix s’applique uniquement aux réservations effectuées sur https://wizzair.com/#/rescue; les passagers devront fournir leur numéro de passeport/carte d’identité ukrainien au moment de la réservation, et présenter leur passeport/carte d’identité ukrainien au moment de l’enregistrement.

En outre, Wizz Air reconnaît que de nombreux réfugiés « ont déjà commencé à se déplacer et peuvent être bloqués dans d’autres endroits ». À ce titre, elle proposera également un « tarif de sauvetage » de 29,99 euros sur tous les autres vols (à l’exception des Émirats arabes unis, de l’Islande et des Canaries), ainsi qu’un tarif de sauvetage de 69,99 ​​euros sur tous les vols vers les Émirats arabes unis, l’Islande et les îles Canaries.

Guerre en Ukraine : les USA ferment leur espace aérien à la Russie 1 Air Journal

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