L’administratrice indépendante d’Air France-KLM Anne-Marie Couderc devrait prendre temporairement les rênes du groupe franco-néerlandais, en attendant la nomination d’un successeur à Jean-Marc Janaillac.

De multiples médias ont confirmé le 14 mai 2018 les « sources concordantes » du Figaro annonçant que la gouvernance de transition d’Air France-KLM, qui sera dévoilée ce mardi après-midi, passerait par Anne-Marie Couderc, ancienne secrétaire d’Etat puis ministre déléguée du gouvernement Alain Juppé dans les années 90 (chargée de l’emploi) et ancienne présidente du groupe Hachette et de Presstalis. L’administratrice indépendante du groupe âgée de 68 ans, qui est aussi présidente du comité de nominations du conseil d’administration et membre du Comité d’audit, aurait accepté d’assurer l’intérim en attendant que le groupe trouve un successeur à Jean-Marc Janaillac, démissionnaire depuis le 4 mai suite à l’échec de sa consultation des salariés d’Air France. Elle serait présidente non exécutif d’Air France-KLM, au-dessus des directeurs généraux d’Air France et de KLM, Franck Terner, et Pieter Elbers, et du directeur financier Frédéric Gagey.

Cet intérim pourrait durer plusieurs mois, peut-être jusqu’à septembre, mais selon La Tribune le dirigeant de la filiale néerlandaise pourrait bien devenir directeur général d’Air France-KLM, aux côtés d’un président non-exécutif venu de l’extérieur. « Aucun nom cité n’a son expérience et ses qualités », explique un très proche du groupe au site économique, même si Pieter Elbers avait initialement été rejeté comme candidat possible. Mais aucune négociation ne devrait avoir lieu tant qu’un nouveau dirigeant n’a pas été nommé.

Rappelons que les quinze jours de grève menés depuis février à Air France, par une intersyndicale représentant tous les corps de métiers, ont déjà fait replonger dans le rouge les résultats du premier trimestre d’Air France-KLM (et ce sera pire au deuxième), le mince espoir créé par un taux de grévistes faible par rapport à l’ensemble des salariés ayant été douché par le vote négatif à la consultation. Son coût aurait désormais dépassé les 400 millions d’euros, auxquels il faudra ajouter une augmentation de la facture carburant estimée à 350 millions d’euros cette année.

L’intersyndicale, qui regroupe les trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF, Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC) et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC, n’a pas déposé de nouveau préavis de grève mais a demandé la reprise des négociations, ce que la direction a immédiatement refusé. Elle réclame une augmentation générale des salaires de 5,1% dès 2018 (plus 4,7% supplémentaires pour les pilotes), avec +3,8% au 1er avril (rattrapage d’inflation 2012-2017) et +1,3% en octobre (inflation prévisionnelle de 2018).

En face, Air France a revu à la hausse l’augmentation qui n’avait été signée que par deux syndicats (CFDT et CFE-CGT représentant 31,3% des voix du personnel) : sa proposition d’accord de la direction, rejetée lors de la consultation de tous les employés, portait sur une augmentation générale de 2% en 2018, assortie d’un seuil minimum de 25 euros par mois, et une autre de 5% pour 2019, 2020 et 2021 (1,65% par an), assortie d’un seuil minimum de 40 euros par mois. Les salaires seraient selon la direction augmentés de 12,5% en moyenne sur la période (comprenant une augmentation générale de 7% pour toutes les catégories de personnel et les augmentations individuelles/GVT) ; mais ce « pacte de croissance » prévoit d’adapter l’augmentation dans le cas où le résultat d’exploitation d’Air France serait inférieur à 200 millions d’euros, et d’appliquer une clause de revoyure en cas d’inflation plus élevée ou de résultat négatif.

Direction d’Air France-KLM : Anne-Marie Couderc en intérim? 1 Air Journal