Près de deux mois après la publication du 3ème rapport d’étape sur l’enquête du crash du vol Rio – Paris le 1er juin 2009, les avocats de familles des victimes réclament l’audition par la justice du Bureau d’Enquêtes et d’Analyses (BEA), chargé de l’enquête. Elles l’accusent de partialité, mais aussi de ne pas avoir recommandé plus tôt le remplacement des sondes Pitot. Les avocats de quatre familles de victimes vont demander ce vendredi que la juge d’instruction en charge de l’enquête, Sylvie Zimmerman, entende le BEA et son directeur, Jean-Paul Troadec. Ils espèrent ainsi faire la lumière sur la manière dont le bureau mène son enquête, mais aussi sur son rôle et celui de l’Agence Européenne de Sécurité Arienne (EASA) dans le crash. Dans un communiqué, ils affirment que le bureau et l’agence « ont cherché après le crash à masquer le comportement de leurs dirigeants ». Ils n’ont demandé, par exemple, le remplacement des sondes Pitot AA qu’après la catastrophe du 1er juin 2009, « alors que 35 incidents liés au gel de ces mêmes sondes, parfois graves, ont été recensés avant le crash ». Les avocats reprennent ici un argument déjà mis en avant par le Syndicat des pilotes d’Air France (Spaf, minoritaire) qui rappelait au lendemain de la publication du 3ème rapport d’enquête que « ces problèmes de Pitot étaient connus depuis des mois, sinon des années ». Il  accusait lui aussi « l’administration »  de n’avoir « pas fait son travail en matière de prévention », alors qu’Air Caraïbes avait, bien avant le crash du vol Rio-Paris, décidé le remplacement des sondes défectueuses par un nouveau modèle. Les familles des victimes s’interrogent aussi sur la partialité du BEA. En effet, quelques jours après la publication du 3ème rapport d’enquête, La Tribune et Les Echos révélaient que le bureau avait retiré d’une première version de ce rapport une recommandation sur l’alarme de décrochage de l’Airbus A330-200. Or, à l’écoute des conversations dans le cockpit, il est manifeste que les pilotes ont été stressés et trompés par des alarmes leur indiquant l’inverse de la bonne procédure pour sortir du décrochage. Le BEA doit rendre son rapport final sur les circonstances du crash, qui a coûté la vie à 228 personnes, au premier semestre 2012, mais ses premières conclusions diffusées fin juillet dernier, qui mettaient surtout en cause le rôle des pilotes, ont poussés le SNPL à se retirer de l’enquête. Rappelons par ailleurs que la juge Zimmerman a mis en examen Airbus et Air France en mars dernier.