Les enquêteurs ont chiffré à environ 200 le nombre de corps des victimes du crash du vol MH17 arrivés par train frigorifique à Kharkiv, tandis que les Etats-Unis avouaient n’avoir aucune preuve de l’origine du missile qui aurait détruit le Boeing de la compagnie aérienne Malaysia Airlines jeudi dernier. Ce 23 juillet 2014 sera jour de deuil national aux Pays-Bas, d’où 193 des 298 victimes du crash étaient originaires, et où se posera un avion militaire transportant les premières dépouilles pour débuter le processus d’identification. Quinze heures après avoir quitté la zone du crash dans l’est de l’Ukraine sous contrôle des séparatistes pro-russes, le train frigorifique transportant les corps est arrivé hier à Kharkiv : des médecins légistes et autres experts néerlandais, allemands, ukrainiens et malaisiens ont dénombré environ 200 corps, sans qu’il soit possible de déterminer leur nationalité, alors que le gouvernement ukrainien en avait annoncé 282. Un porte-parole de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) a expliqué hier que des « restes humains » se trouvaient encore sur le lieu de l’accident, l’incertitude sur le nombre de corps récupérés venant de la comptabilisation ou non de ces restes, sans oublier les passagers « désintégrés » lors du crash. Les enregistreurs de vol seront également transférés hors d’Ukraine aujourd’hui mais vers la Grande Bretagne, pays ayant perdu dix ressortissants dans l’accident de la Malaysia Airlines. Un Embraer de l’armée de l’air belge est chargé du transport, amenant dans le même temps en Ukraine des experts et des représentants des Nations Unies, précise un communiqué du ministère de la défense. Sur les lieux du crash toujours non sécurisé mais visité hier par une quinzaine d’experts internationaux et un responsable de Malaysia Airlines, l’OSCE a indiqué avoir constaté le déplacement de certains fragments du Boeing 777-200ER, dont une partie du fuselage et l’empennage. L’organisation souligne toutefois que cela pourrait avoir été justifié par la recherche des corps, mais elle déplore l’absence d’un « périmètre de sécurité » et de toute activité de « récupération » - et la disparition d’une « quantité importante » d’effets personnels. Le quotidien New York Times citait hier un analyste de HIS Jane’s selon qui les images des débris du 777 montraient clairement des impacts similaires à ceux que pourraient provoquer un missile sol-air SA-11 Buk, sans aller jusqu’à affirmer qu’il s’agit bien de ce type de missile présent dans les armées ukrainiennes et russes. Ces missiles explosent à proximité de leur cible, qui est détruite par les multiples éclats, laissant des impacts de forme différente de ceux qu’aurait causés par exemple l’explosion d’un réacteur. Côté diplomatique, les accusations lancées de part et d’autre semblent avoir enfin baissé d’un ton hier. Les Etats-Unis pensent désormais que le vol MH17 a été « probablement abattu par erreur » par les séparatistes pro-russes « mal entrainés », des responsables du renseignement avouant qu’il leur est impossible de savoir « qui a appuyé sur le bouton » ou si « des Russes étaient présents ou non » près du système de tir qui aurait causé la destruction du vol MH17. Pas de preuve non plus de la formation des séparatistes au maniement du Buk par des militaires russes, mais le scénario avancé par Moscou d’un missile tiré par un avion de chasse ukrainien « ne tient pas la route », ont affirmé hier ces responsables. A Moscou justement, le président Poutine a répété hier que la Russie « fera tout ce qui est en son pouvoir pour une enquête complète, impliquant toutes les parties, en profondeur et transparente », ajoutant qu’il fera tout ce qui en en son pouvoir pour répondre aux appels occidentaux à faire pression sur les séparatistes ; mais cela « ne suffira pas », a-t-il ajouté. Malaysia Airlines a de son côté fait face à une nouvelle polémique sur le survol de zones de guerre : un Airbus A380 reliant Londres à Kuala Lumpur dimanche a dévié sa route de l’Ukraine vers le ciel de la Syrie, « un espace aérien non soumis à restriction et approuvé par l’OACI » selon  la compagnie, le même trajet lundi empruntant cette fois l’espace aérien turc plus au nord. Flightradar indiquait que le vol MH004 de dimanche « était le seul vol intercontinental à avoir survolé la Syrie ».