Si le groupe Air France-KLM a dégagé comme prévu un bénéfice supérieur au milliard d’euros en 2016, son PDG Jean-Marc Janaillac souligne l’écart toujours là avec les concurrents, en particulier chez la compagnie aérienne Air France. Le projet Boost est toujours présenté comme indispensable, malgré l’hostilité des syndicats. « Nous menons une course contre la montre. Le monde bouge. Le statu quo n'est pas une option», expliquait le PDG Jean-Marc Janaillac sur RTL après de la présentation des résultats du groupe le 16 février 2017. Et ce malgré une augmentation du bénéfice d’exploitation à 1,049 milliard d’euros et du résultat net part de groupe à 792 millions d’euros, sur un chiffres d’affaires en recul de 3,3%. D’abord parce que les deux grands concurrents devraient présenter des résultats supérieurs, autour de 1,45 milliard pour Lufthansa et de 2,3 milliards pour IAG, mais aussi parce que la différence entre Air France et KLM est toujours plus grande. La compagnie aérienne française a vu son résultat d’exploitation reculer de 54 millions d’euros (tout en restant dans le vert) quand celui de sa sœur néerlandaise progressait de 297 millions, avec des marges respectivement de 2,4% et 6,9%. Le groupe a beau souligner que « toutes les activités ont participé à l’amélioration du résultat d’exploitation » et expliquer la performance d’Air France par les attentats et les grèves, l’avenir de cette dernière repose selon le dirigeant sur Trust Together, seul moyen de dégager des financements pour assurer la croissance comme la montée en gamme. Pour le directeur général d’Air France Franck Terner, les négociations avec le personnel navigant restent au cœur du problème : il faut d’une part trouver une solution avec les pilotes pour stabiliser leurs coûts, et surtout obtenir la signature du SNPL sur le projet Boost de filiale à coûts réduits. Le syndicat doit fournir lundi prochain les résultats de son référendum, soit deux jours avant la réunion de son Conseil pour examiner la proposition d’accord – et quatre jours avant le délai donné pour la signature de cet accord. Quant aux PNC, le DG avoue que les discussions « ne sont pas faciles » sur l’accord collectif arrivant à échéance le 28 février : « Nous sommes donc en phase finale mais il est trop tôt pour dire si cela se passe mal ou bien », avouait-il hier. Le SNPNC-FO (opposé comme les autres à Boost) a rappelé hier qu’il dénonce la politique menée par la direction « à l’égard des Hôtesses et Stewards qui, en dépit de ces résultats, ne vise qu’à précariser leurs conditions de travail et de rémunération, d’une part en créant une structure low-cost BOOST, où seuls les PNC verront leur statut tiré vers le bas, d’autre part en conditionnant la reconduction de l’Accord collectif PNC, à de nouvelles dégradations en terme d’utilisation et de rémunération, ce alors que les salaires des PNC sont gelés depuis bientôt cinq ans ». De son côté, le PDG de KLM Royal Dutch Airlines Pieter Elbers a souligné « de bons résultats en 2016. Nos résultats s'améliorent, nous réduisons les coûts, nous obtenons un meilleur effet de levier pour l'investissement et la satisfaction de nos clients augmente. Bref, KLM a retrouvé son esprit entreprenant! ». Il souligne dans un communiqué que « tout le monde chez KLM bénéficie de meilleurs résultats grâce à l'amélioration du système de participation aux bénéfices ». Mais il prévient aussi que le groupe « doit continuer : les prix des billets sont en baisse en raison de la baisse des prix du carburant et de la surcapacité. Et la concurrence reste féroce. Nous sommes en retard sur nos concurrents en termes de coûts et de rendement ». Afin de continuer à croître, estime le dirigeant, « nous devons par conséquent poursuivre nos efforts pour accroître encore la productivité et réduire les coûts en 2017 également. Cela nous permettra d'accroître nos niveaux d'investissement en ligne avec nos objectifs et notre ambition de devenir le plus grand réseau client européen, innovant et efficace ». Rappelons que le groupe n’a fixé aucune prévision de résultat pour 2017 en raison de l’incertitude actuelle. Les capacités devraient augmenter de 3,0% à 3,5% « afin de reprendre l’offensive sur le long-courrier et d’améliorer la performance sur le moyen-courrier ». La facture carburant devrait augmenter de 100 millions d’euros alors qu’elle avait baissé de 1,5 milliard en 2016, et à l’instar de l’année dernière le chiffre d’affaires devrait être en recul malgré la progression du nombre de passagers transportés.