Une conférence sur la toxicité de l’air en avion tenue par la médecine du travail d’Air France est qualifiée de parodie par le syndicat d’hôtesses de l’air et stewards SNPNC-FO. Et ce alors que deux avions de Brussels Airlines étaient victime en trois jours d’émanations de fumées.

La question de la qualité de l’air respiré par les équipages et les passagers en avion n’est pas nouvelle : le syndrome aérotoxique, maladie causée par les effets consécutifs à l’inhalation de l’air contaminé qui pressurise la cabine d’un avion, a été décrit depuis 1999. Mais le sujet reste polémique. Y compris chez Air France depuis trois ans selon le syndicat de PNC, qui explique que la conférence Air Cabin du 27 novembre, organisée par la médecine du travail de la compagnie aérienne, ne pouvait être qu’une « parodie » puisque la direction reste « sourde à nos alertes et au DGI (avis de Danger Grave et Imminent) posé sur le sujet par le CHSCT des hôtesses et stewards d’Air France ». La compagnie française « n’applique pas les prescriptions des institutions comme la FAA ou l’OACI », accuse le syndicat qui se décrit comme « au cœur de cette bataille internationale de défense de la santé des PN et autres personnels touchés » afin d’établir une norme de la qualité de l’air des cabines.

Air France « doit prendre en considération » les événements aérotoxiques (‘fume events‘) vécus par les salariés et les passagers ainsi que les recommandations des constructeurs. Et elle doit appliquer « le principe de précaution et la réglementation en vigueur sur l’air » des cabines : quand des PNC sont exposés, les avions incriminés concernés devraient être immédiatement immobilisés selon le syndicat, le temps nécessaire à la recherche de l’origine de ces évènements aérotoxiques. « Ignorer ces évènements et continuer à faire voler ces avions au détriment de la santé des équipages et des passagers démontre une position de déni absolu », affirme le SNPNC pour quoi on ne peut pas « s’offrir une bonne conscience avec une conférence, quand dans le même temps on ne prend aucune mesure pour traiter les événements aérotoxique ».

Ces évènements sont observés sur environ un vol sur 2000, et ce fut le cas à deux reprises en trois jours le mois dernier chez Brussels Airlines : les pilotes d’un vol Rome – Bruxelles ont été obligés selon VTM Nieuws de mettre leur masque à oxygène pour atterrir, suite à l’apparition d’une odeur « nauséabonde » dans le cockpit. Le vol suivant a été annulé et l’avion a été réparé suite à l’incident, a affirmé la compagnie aérienne. Un autre vol en provenance de Copenhague a selon un passager été affecté dans des circonstances similaires, les pilotes et le chef de cabine se rendant à l’hôpital pour des examens.

Rappelons qu’afin de pouvoir respirer aux altitudes et aux températures auxquelles les avions de ligne volent, de l’air chaud comprimé est nécessaire ; il est fourni dans la grande majorité des avions par les réacteurs, et comprimé par des pièces mobiles lubrifiées à haute température. Mais la séparation des lubrifiants de moteurs et de l’air destiné à la pressurisation de la cabine ne peut être assurée à 100% ; l’usure des pièces peut provoquer une fuite d’huile, qui en se mélangeant à l’air comprimé dégage une forte odeur généralement comparée à celle de chaussettes sales ou de chien mouillé. Ce ‘fume event’, parfois visible, peu entrainer de simples maux de tête, mais aussi selon certaines associations des troubles neurologiques.

Aérotoxicité : Air France serait sourde 1 Air Journal