12% et 15,6% : le premier pourcentage est celui des Français ayant « honte de prendre l’avion », quand le second est celui des mêmes qui accepteraient de payer plus cher pour réduire leur empreinte environnementale.

Le nouveau rapport de la Chaire Pégase, qui étudie l’acceptabilité des innovations vertes dans le secteur aérien, rétablit quelque peu la réalité des sentiments et des actions dans le pays en matière d’aviation et d’environnement. Les questionnaires envoyés à un échantillon de 1000 répondants « représentatifs de la population française » révèlent tout d’abord que les fortes préoccupations environnementales des Français « ne se traduisent pas forcément par des actions concrètes en matière de transport aérien ». Ainsi, seuls 12% des passagers aériens ressentent de la honte lorsqu’ils prennent l’avion, un courant venu de Scandinavie et qui a fait le buzz pendant des mois. Bien que 79% des Français se déclarent préoccupés par l’environnement de façon générale, l’importance accordée aux enjeux environnementaux dans l’aérien « semble moindre ». Ainsi, même si une part significative des répondants essaient de moins prendre l’avion (41%) et que le critère environnemental est important pour eux (36%), seulement 12% déclarent ressentir de la honte lorsqu’ils prennent l’avion.

L’étude montre par ailleurs qu’à peine un tiers des Français (35%) connaissent les nouvelles technologies vertes, sur lesquelles le secteur aérien parie pour réduire son empreinte environnementale (recherche sur les nouvelles architectures, les nouveaux moteurs ou l’hydrogène, carburant durable, renouvellement de la flotte, adaptation des trajectoires…). « Sans générer de réel engouement pour les Français », ces nouvelles technologies vertes sont cependant « globalement acceptées » : les passagers sont d’ailleurs prêts à payer 15,6% de plus leur billet pour « voler dans un avion plus vert ». Pour autant, résume le rapport, ces innovations « paraissent lointaines », et en attendant leur développement, les passagers sont prêts à réduire de 14,5% leur nombre de vols pour « limiter leur empreinte environnementale ».

D’après la chaire Pégase, les innovations et en particulier les innovations vertes, rencontrent souvent des freins à leur adoption par les consommateurs. Autrement dit, « il est nécessaire de s’interroger sur les réactions potentielles des consommateurs et passagers aériens face aux nouvelles technologies sur lesquelles le secteur aérien compte s’appuyer pour réduire son empreinte environnementale ». Les passagers seront-ils prêts à voler dans ces nouveaux avions ? Accepteront ils de voyager avec une compagnie aérienne dont les avions sont alimentés par des carburants d’aviation durable ou de l’hydrogène ? Seront-ils prêts à accepter le surcoût généré par ces nouvelles technologies ?

Aérien et environnement : la défiance française plus bruyante que concrète 1 Air Journal

©Chaire Pégase

Dans le détail, l’étude révèle par ailleurs que les innovations sur lesquelles le transport aérien parie pour réduire son empreinte environnementale sont relativement méconnues, puisqu’à peine plus d’un tiers des Français (35% en moyenne) en avaient entendu parler avant cette étude. L’hydrogène est l’innovation la plus « connue » (50% des répondants en avaient déjà entendu parler). A l’inverse, seuls 19% des Français connaissaient l’existence des nouveaux types de moteurs, comme les open rotors. En moyenne, ces innovations vertes sont relativement bien tolérées, sans pour autant générer de véritable engouement ou rejet par les répondants. Pour autant, des différences apparaissent entre les innovations, puisque l’hydrogène est globalement mieux accepté que les carburants d’aviation durable, suivis des nouveaux designs d’avions, et enfin des nouveaux types de moteurs comme les open rotors.

Ces innovations vertes étant coûteuses, les aéroports et les compagnies aériennes seront probablement dans l’obligation de répercuter une partie des coûts supplémentaires sur le prix du billet. Les chercheurs de la Chaire Pégase montrent tout d’abord que seulement 56,5% des Français sont prêts à payer un supplément pour voyager avec une compagnie aérienne qui utilise des technologies vertes, et qu’en moyenne, ceux-ci sont prêts à payer 15,6% plus cher leur billet.

Pour autant, ces innovations vertes leur paraissent lointaines : 55% des répondants les imaginent opérationnelles d’ici 1 à 9 ans, et 28% des Français pensent les voir arriver dans 10 à 20 ans. Parmi les alternatives pour limiter leur empreinte environnementale à plus court terme, les passagers sont prêts à « réduire de 14,5% leurs vols dans les 5 prochaines années ».

« Cette étude révèle donc que la faible connaissance et l’acceptabilité modérée des innovations vertes par les passagers aériens pourraient constituer un frein à la transition écologique du secteur aérien. Nos résultats soulignent donc l’importance de la pédagogie et de l’information des passagers, afin d’améliorer l’acceptabilité de ces technologies et accélérer la transition écologique du secteur aérien », conclut le communiqué de a chaire Pégase.

Aérien et environnement : la défiance française plus bruyante que concrète 2 Air Journal

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