Air France et l’ensemble des syndicats représentatifs ont signé un nouvel accord de cinq ans visant à prévenir et traiter toutes les formes de violences au travail, en particulier les violences sexistes et sexuelles, quelques mois après de graves révélations visant la culture interne de la compagnie aérienne française.

Signé le 12 décembre 2025 pour la période 2026‑2031, l’accord associe la direction d’Air France et toutes les organisations syndicales représentatives (Alter, CFDT, CFE‑CGC, CGT, FO, SNPL, SPAF, Unsa Aérien). L’ambition affichée est de « garantir à chacun de ses salariés un environnement de travail respectueux, sécurisé et exempt de toutes formes de violences (sexistes, sexuelles, morales…) et de harcèlements, de quelque nature que ce soit ».

Le texte renforce et formalise les dispositifs de prévention, de signalement, d’accompagnement des victimes et de sanction disciplinaire déjà en place, en les rendant accessibles à l’ensemble des catégories de personnel (pilotes, PNC, personnels au sol, cadres, employés). Il s’inscrit dans la continuité d’un premier accord de 2020, mais « franchit un nouveau cap » en intégrant explicitement les violences sexistes et sexuelles et en élargissant les moyens d’action.

Une réponse aux révélations sur des violences sexuelles
Ce texte marque un tournant dans la réponse de l’entreprise aux accusations d’agressions et de harcèlement sexuels, notamment impliquant des « pilotes tout-puissants », mises au jour par une enquête de la cellule investigation de Radio France en février 2025. Des hôtesses de l’air, cheffes de cabine et femmes pilotes y décrivaient une « culture d’entreprise » où « agressions et harcèlement » seraient « connus et valorisés », et dénonçaient des situations d’impunité de leurs agresseurs présumés.

Ces révélations ont suscité une forte émotion dans l’opinion publique et au sein de la compagnie tricolore, mais aussi une réaction politique : des parlementaires ont interpellé le gouvernement, rappelant que l’État reste un actionnaire de référence d’Air France‑KLM. Le ministre des Transports Philippe Tabarot avait alors convoqué la direction, réclamant des « explications » et des engagements concrets pour mettre fin à ces pratiques et mieux protéger les salariées.

Cellule d’écoute indépendante et procédures clarifiées
En février 2025, avant même la conclusion du nouvel accord, la directrice générale Anne Rigail avait annoncé une série de mesures pour « renforcer la lutte contre les violences sexistes et sexuelles » dans l’entreprise. Air France s’est engagée à ouvrir une cellule d’écoute externe, indépendante et accessible 24h/24 et 7j/7 à l’ensemble des salariés, ainsi qu’à créer un service dédié à la lutte contre les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles, rattaché directement aux ressources humaines. Le nouvel accord signé en décembre vient inscrire ces dispositifs dans la durée, en précisant les circuits de signalement, les garanties de confidentialité et le rôle des référents au sein des équipes.

Formation, prévention et rôle des syndicats
L’accord met l’accent sur la prévention, avec un volet important consacré à la sensibilisation et à la formation de l’ensemble des personnels, qu’il s’agisse de managers, de chefs de bord, de chefs d’escale ou de personnels d’encadrement. L’objectif est que chaque salarié connaisse les comportements prohibés, les recours possibles et la manière de réagir en cas de situation de harcèlement ou de violence.

Les organisations syndicales, signataires du texte, se voient reconnaître un rôle spécifique dans le repérage des situations à risque, l’accompagnement des victimes et le suivi des procédures. « Cet accord offre un cadre commun et des outils pour que les violences soient enfin identifiées, signalées et traitées », déclare une représentante syndicale au site Aerocontact, tout en rappelant que « son efficacité se mesurera dans l’application concrète et la capacité à sanctionner réellement les auteurs ». En dehors de l’entreprise, des associations et collectifs féministes rappellent que la crédibilité de la démarche dépendra de la prise en compte effective des témoignages, de la transparence sur les sanctions et de la protection des salariées qui osent parler.

Air France encadre la prévention des violences sexistes et sexuelles, après la vague MeToo au début de l'année 1 Air Journal

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