Une enquête indépendante sur le crash du vol AF447 Rio – Paris, diligentée par Air France, a révélé que la compagnie aérienne n'avait commis "aucun écart" par rapport aux règlementations en vigueur à l'époque, tout en donnant une liste de 35 recommandations pour améliorer la sécurité. Sans que l'on en sache plus sur les causes réelles du drame du 1er juin 2009, qui avait vu disparaître un Airbus A330 transportant 228 personnes au dessus de l'Atlantique, la mission d'expertise externe a souligné le respect des règlementations en vigueur par la compagnie nationale – un point qui n'était pas contesté – mais également dressé une liste de 35 recommandations, qui n'ont pas été rendues publiques. Selon un communiqué d'Air France, ces recommandations s'inscrivent "dans la logique d'amélioration continue de la sécurité des vols" engagée par la compagnie, et annonce que la plupart d'entre elles seront mise en œuvre rapidement selon un calendrier à définir entre autres par le Comité Mixte de Propositions (CMP), une des instances mises en œuvre depuis l'accident et qui regroupe dirigeants et syndicats. La compagnie ajoute que "l'adaptation, le report ou la non prise en compte éventuelle de l’une ou l’autre de ces propositions fera l'objet d'un échange et d'une information de ces instances".  Le PDG Pierre-Henri Gourgeon a souligné qu'Air France – KLM était la première grande compagnie aérienne "à s'être soumise de sa propre initiative au regard d'experts externes". Le rapport de la mission note de son côté que l'annonce publique de cette initiative, "qui nous donnait carte blanche pour examiner la sécurité des vols d'Air France, est un acte de courage. Il témoigne d'un leadership exemplaire, que l'on rencontre rarement aujourd'hui dans le monde de l'aéronautique." Dans un entretien au Figaro, Gourgeon cite comme exemple de nouvelle mesure la mise en place à la fin de l'été d'un dispatcher, technicien chargé de soutenir les équipages dans toutes les phases de vol, sur tous les vols long et moyen-courriers. Créée en décembre 2009, la mission était composée de huit experts internationaux, parmi lesquels les anciens directeurs de la sécurité de Boeing Curt Graeber, de la FAA Nick Sabatini, ou de Delta Air Lines John Marshall, histoire de porter un regard différent sur la compagnie très française. Elle s'est concentrée sur l'écoute des salariés et l'observation des modes de fonctionnement de l'entreprise, sur "les systèmes de sécurité et management de la sécurité dans les secteurs aéronautiques ou d’autres secteurs, la résilience des organisations, et les facteurs humains". Les conclusions portent ainsi principalement sur "l’organisation de l’entreprise, sa culture et les comportements individuels des salariés, des managers et des syndicats". Devant une pareille volonté de transparence, unanimement saluée d'ailleurs dans l'industrie aéronautique, on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi les 35 recommandations de la mission n'ont pas été détaillées. Un article du Wall Street Journal d'hier donne quelques pistes, parlant d'un rapport très critique en particulier sur l'entrainement des pilotes, soulignant également le manque de discipline dans les cockpits et insistant sur le besoin de mieux former les équipages à la gestion des pannes de systèmes automatisés. Autre recommandation apparemment présente dans le rapport, l'inclusion d'incidents réels survenus sur des vols Air France dans les sessions de simulateurs de vol, afin de rendre l'entrainement des pilotes plus réaliste – une pratique mise en œuvre depuis plusieurs années en particulier par les compagnies américaines. La "franchise" d'Air France sur la sécurité n'est pas une première: déjà en 2005, après l'embrasement d'un A340 à Toronto suite à une sortie de piste (sans faire de victime), la compagnie avait été félicitée pour le rapport sans concession qu'elle avait fait parvenir à ses 4000 pilotes l'année suivante. Pas de réaction officielle pour l'instant des syndicats, qui vont sans doute prendre le temps d'étudier le rapport. Quant aux causes réelles du crash, on peut toujours espérer que la nouvelle phase de recherche en février de l'épave du vol AF447 sera en mesure d'apporter des éléments de réponse.